Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

lundi 29 mars 2010

J'AIME MOI AUSSI LA FILLE D'IPANEMA

Astrud Gilberto (1) et Stan Getz: "The girl from Ipanema"


Garota de Ipanema - The Girl of Ipanema  
( http://pascalmaillard.over-blog.com/) 
  Vinícius de Moraes et Tom Jobim, 1958
 
Olha que coisamais linda,
mais cheia de graça,
É ela menina,
que vem que passa,
Num doce balanço,
caminho do mar.
Moça do corpo dourado,
do sol de Ipanema,
O seu balançadoé
mais que um poema
É a coisa mais linda
que eu já vi passar.
Ah, por que estou tão sozinho ?
Ah, por que tudo é tão triste ?
Ah, a beleza que existe
A beleza que não é só minha,
Que também passa sozinha. 
Ah, se ela soubesse
Que quando ela passa,
O mundo sorrindo
Se enche de graça
E fica mais lindo
Por causa do amor. 
   Look at this thing,
   most lovely,
   most graceful,
   It's her, the girl
   that comes, that passes,
   with a sweet swinging,
   walking to the sea. Girl of the golden body,
   from the sun of Ipanema,
   Your swaying,
   is more than a poem,
   It's a thing more beautiful,
   than I have ever seen pass by.
  Ah, why am I so alone ?
  Ah, why is everthing so sad ?
 The beauty that exists,
 The beauty that is not mine alone,
 that also passes by on its own.
 Ah, if she only knew
 that when she passes,
 the world smiles
 fills itself with grace,
 and remains more beautiful
 because of love.

(traduction du brésilien )
Regarde quelle chose plus belle
Et pleine de grâce
Que cette fille
Qui va et vient,
Dans un doux balancement, au bord de la mer.           

Demoiselle au corps doré
Par le soleil d'ipanema
Son déhanchement est plus qu'un poème
C'est la chose la plus belle que j'ai vue passer.

Ah, pourquoi suis-je si seul,
Ah, pourquoi tout est si triste,
Ah, la beauté qui existe,
La beauté qui n'est pas seulement mienne
Qui aussi passe seule

Ah, si elle savait
Que quand elle passe
Le monde souriant se remplit de grâce
Et s'embellit                                                                          
A cause de l'amour qu'elle inspire.                                   

(illustration: Wladyslaw Theodor Benda. Daydream)



***
   Le texte définitif de la chanson a été inspiré par une jeune fille de 19 ans, Heloisa Eneida Menezes  Pais Pinto — plus connue sous le nom de Helô Pinheiro  — qui vivait à Ipanema, quartier chic de Rio de Janeiro. Elle passait chaque jour pour aller à la plage, devant le bar Veloso (aujourd'hui nommé « Garota de Ipanema ») dont Tom et Vinícius étaient des habitués. Dans le livre Revelação: a verdadeira Garota de Ipanema Vinícius de Moraes la décrit comme :
    « le paradigme de la Carioca à l'état brut : une fille bronzée, entre la fleur et la sirène, pleine de lumière et de grâce mais avec un fond de tristesse, aussi portait-elle en elle, sur le chemin de la mer, le sentiment de ce qui passe, d'une beauté qui n'est pas seulement nôtre — c'est un don de la vie que son bel et mélancolique flux et reflux permanent. » (Wikipédia)

   Cette chanson est, à l'évidence, d'une beauté triste et fragile. Elle résonne en moi avec nostalgie, car elle m'a réconciliée avec les goûts de mon père - qui adorait le jazz - et qui s'est mis à aimer , comme moi, ce mélange entre la samba et le jazz  cool. 

   Il y a dans "Girl from Ipanema", un mélange de tristesse et d'espoir. Tristesse car, à l'époque, même si le Brésil n'est plus sous le boisseau d'une dictature militaire des plus rudes, (celle de Vargas), chacun sait que la transition démocratique sera de courte durée. En effet, une nouveau régime dictatorial va voir le jour de 1964 à 1985... 

   Mais l'espoir sourd de chaque note de cette musique, car les Brésiliens, un des peuples les plus métissé au monde, ont la vie chevillée au corps. L'âme portugaise, frottée aux rythmes sensuels africains et saupoudrée d'une influence jazzy, a donné ce nouveau style dans lequel la scansion se fait à la fois caressante et brutale. Les phrases versifiées sont longues, lénifiantes, - parfois un rien "cucul la praline", puis brutalement elles s'interrompent, donnant au chanteur - et surtout à la chanteuse - cette étrange impression de perdre pied. D'attendre un miracle.


   Astrud Gilberto est la parfaite représentante de cette musique, à la fois "sérieuse comme le plaisir" et gaie comme quelqu'un qui offre son dernier souffle, au nom de l'amour. Remarquez l'espèce de choucroute qu'elle porte, qui se marie admirablement avec la jupe pâle et le corsage sombre, le tout en parfaite harmonie avec le visage aux traits réguliers mais auréolé d'aucun sourire. 
   Quant à Stan Getz, (1927/1991) il suffit qu'il souffle dans son saxo pour qu'immédiatement le temps soit suspendu. Du grand art, vraiment...
Plus de renseignements et d'ambiance sur le site ci-dessous:

Blanche Baptiste.

4 commentaires:

Bruno a dit…

Bonjour,
je viens de regarder vore article sur la "Garota de Ipanema". je pense que pour les gens entre 50 et 70 ans, la bossa-nova représente beaucoup. Les noms de Jobim, Moraes, Gilberto ... nous ont bercé. C'est triste de voir que ce type de musique se retrouve souvent dans les musiques d'ambiance d'ascenseur ou de grande surfaces ! Dans votre film,
Astrud Gilberto est bien jolie et sympathique mais franchement... elle chante comme un pied! C'est toujours agréable d'entendre ce balancement.
Bruno lo tais

Bruno a dit…

Bonjour,

J'ai lu votre artcle et les liens de votre site.C'est vrai que la bossa-nova pour les personnes entre 50 et 70 ans représente beaucoup de joie. Il est bien triste souvent, de l'entendre dans les musiques d'ambiance des ascenseurs et des grande surfaces.
Vous avez choisi Astrud Gilberto qui est jolie et charmante mais ... qui chante comme un pied. Je suis méchant, je sais, je ne suis pas dans l'air du temps, je devrais dire, au contraire, elle ne chante pas trop juste mais elle fait des efforts.
En tout cas j'ai apprécié que vous me remémoriez ces chansons et cette ambiance.
Bruno

Benoît Barvin, Blanche Baptiste, Luc Desle, Jacques Damboise, Nadine Estrella a dit…

Merci, Cher Bruno, de cette réponse. Mais "chanter comme un pied", qu'elle a joli, si, si, c'est également un des charmes de la Bossa Nova. Souvenez-vous de Pierre Barouh qui, lui aussi, chantait de cette manière. Et pourtant on l'écoutait avec beaucoup de plaisir...
Ne vous inquiétez pas (ou plutôt, si). Il y aura d'autres Bossa Nova sur mon blog. Avec et sans Astrid.

Pensez BiBi a dit…

Astrud Gilberto chante peut-etre comme un pied mais d'où vient cette voix pour nous communiquer sa "saudade" avec tant d'intensité, pour nous faire partager cet état mélancolique comme seule peut le faire la bossa. "Comme un pied" ? Pfffttt.
Diriez vous aussi la même chose du grand Joao Gilberto ? Une voix neutre, sans éclat mais posée sur la musique de façon telle qu'elle en devient unique et uniquement envoûtante. Chez chacun d'eux (Astrud et Joao) il y a ce GRAIN de voix qui fait toute la différence avec ceux et celles qui chantent comme des pieds.