Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.
Affichage des articles dont le libellé est guerres. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est guerres. Afficher tous les articles

vendredi 26 juillet 2013

"La Reine des ébats était souvent peu vêtue". Jacques Damboise in "Pensées inconvénientes".

µµµ
Pensées pour nous-mêmes:

(TA MOITIÉ EST EN TOI,
PAS EN L'AUTRE 

µµµ

(Ces étranges infra-terrestres nautiques
allaient-ils nous sauver?)


µµµ

"Et je sers à quoi, Moi?
- A illustrer élégamment un article
sur la crapulerie du monde capitaliste,
Très Chère...
- Tu m'en diras tant..."


Le monde se dévoile
Ahmed HALFAOUI

   (...) Tous les "économistes", imposés par un contrôle pointilleux, sur la pensée économique et sociale, des institutions au pouvoir et de la machine médiatique mondialisée, n’accordent aucune place aux rapports de production impulsés dès le XIXe siècle, qui configurent la planète en deux mondes distincts. Un Nord industrialisé et développé, représenté par le Groupe des 8, et un Sud voué au sous-développement et à une dépendance multiforme de ce Nord. De ce fait les incommensurables inégalités de potentialités, les immenses disparités en termes de rapports de forces technologiques, économiques et militaires, sont évacuées du champ du discours.

   Alors que ces facteurs pèsent de tout leur poids dans un système où seul le profit est le moteur, où la concurrence commerciale féroce est la règle et le moyen privilégié et où la domination, voire l’hégémonie politique, est une donnée déterminante. Sont omises de même, par les "analystes", les mécanismes d’élaboration des règles qui régissent le commerce mondial et celle des politiques et stratégies de gouvernance en vigueur au Sud. Sont par contre mises en évidence, les panacées, les directives libérales qui dictent encore plus de soumission aux "forces du marché", par l’ouverture sans conditions des espaces nationaux à la déferlante de la production des pays industrialisés, en mal de débouchés, et à la libre-entreprise, notamment la spéculation financière.

   Au moins, depuis deux décennies, ce processus fait valeur de religion et, en tant que tel, est posé comme impératif incontournable, malgré la mise en faillite de nombreuses économies et malgré les gravissimes signes d’effondrement visibles au sein des bastions du libéralisme. Ceci étant, l’aggravation du sous-développement est imputé non pas aux causes réelles, puisqu’occultées, mais paradoxalement à la gouvernance locale, dont les termes sont élaborés à Washington sous la dictée de Wall-Street et de ses représentants institutionnalisés, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, "conseillers" omnipotents des gouvernements. 

   Heureusement que la crise actuelle qui ravage les certitudes et étale, à souhait, les résultats des préceptes prescrits, a ouvert des brèches qui mettent à mal les thèses des "économistes". De plus en plus de pays se rebiffent et rompent le rang, pointant du doigt la nocivité de l’ordre en vigueur. En réaction le climat sécuritaire international connaît une dégradation manifeste et la paix mondiale est menacée. D’autant que, dans le même temps, le marché s’est rétréci et que de nouveaux prétendants de poids bousculent mortellement les mainmises commerciales traditionnelles.

   Les bruits de bottes s’intensifient, exprimant la volonté des États-Unis et de leurs satellites de maintenir leur suprématie et de préserver l’état des lieux, au mieux de leurs intérêts, pudiquement appelé "american way of life". Signifiant par-là, qu’il ne serait pas question que la première puissance mondiale accepte de renoncer à son niveau de consommation, en faveur d’une redistribution moins inique des ressources planétaires. La décennie à venir sera, ainsi, marquée par un affrontement plus ou moins violent autour de cet enjeu. Les peuples plus que les États pèseront dans l’arène. (...)


µµµ

"T'as vu, ils sont encore là!
- Qui?
- Les gens de Tu Quoque...
- Y z'en ont pas marre de faire
les marioles?
- Faut croire que non..."

Two legs between us by Steven Ward


µµµ
Benoît Barvin

mardi 16 juillet 2013

"Elle se cassa la voix et renonça à en acheter une autre". Benoît Barvin. "Pensées pensées."

%%%
Pensées pour nous-mêmes:

(PAR TA PENSÉE
TU REJOINS LES ETOILES)

%%%

Long Texte au long cours (2/11). 
Blanche Baptiste

   Le père Mirales a appris que l'espagnol qui travaille dans les vignes fait partie de sa famille. Ce secret de famille étant éventé, il se sent de plus en plus mal...


HAUTES DILUTIONS

ocaranza-Travesuras-amor

4

   Aurore est en nage. Une de ses moufles est tombée et son autre joue est toute labourée de sang. 

   - Tu n’es pas raisonnable ! Comment pourrais-tu l’être d’ailleurs ? Je n’en finis pas de me leurrer à ton égard, et d’espérer. Tu ne comprends peut-être pas ce que je te dis, mais qui sait ? En tout cas, j’en ai assez de cette vie. 

   Lucie lui lave le visage et la main. Et entre les doigts crispés, elle trouve un petit tube de comprimés homéopathiques. 

   - Alors ça ! Comment as-tu fait ? Tu ne sais pas faire ce geste d’habitude. 

   Elle se demande si c’est un réflexe volontaire, le hasard, ou le résultat d’une intention précise. Elle ne saura jamais. En attendant, il faut qu’elle prépare la petite. A dix-huit heures, l’association passera la prendre pour le week-end. Ce sera un soulagement passager mais qui lui redonnera assez de courage pour aller jusqu’au mois suivant et ainsi de suite. Mieux vaut ne pas y penser ! 

*** 

   Elle voit partir le minibus sous les premières gouttes de l’orage. Elle respire comme on dit et pourtant elle se sent oppressée. 

   Quand les vendangeurs étaient rentrés le soir, il faisait lourd à nouveau. De gros nuages montaient de la mer, menaçants. Elle guettait Tonio depuis la fenêtre de sa chambre. Elle pensait aller le rejoindre tout de suite, mais son père avait abordé le garçon, pas plutôt descendu de la camionnette. Il avait réfléchi tout l’après-midi à ce qu’il allait lui dire, et soudain il craignait de ne pas trouver les mots. 

   - Je veux te voir dans mon bureau. Suis-moi ! 

   Ils étaient entrés dans la pièce assombrie par la lourde treille qui pendait là devant. Lucie aurait voulu se précipiter, ne pas les laisser en présence. Elle savait que son père pouvait être violent. Mais elle resta figée sur place, le front contre les carreaux. 

   Mirales avait pris sur une étagère, deux verres et une bouteille de Banyuls entamée. 

   - C’est du bon. Tu aurais peut-être préféré du Champagne, hein ? Pour des retrouvailles ç’aurait été tout indiqué. Mais je ne pouvais pas prévoir la surprise, qu’un ange me tomberait du ciel... 

   Il avait rempli les verres à ras-bord. 

   - Tiens, bois un coup, ça détendra l’atmosphère. 

   Il y avait de la froideur chez Mirales et de l’émotion chez son fils qui réalisait à ses dernières allusions qu’il était démasqué. 

   - Je voulais vous connaître, savoir qui vous étiez, c’est tout. 

   - Ta mère a dû t’en dire des saloperies sur moi, la garce. Parce que c’est pas ce que l’on croit… 

   Et il lui raconta la véritable histoire. Cette belle fille de dix-sept ans qui lui avait fait du charme comme elle en faisait à d’autres dans le camp. Il avait été fier qu’elle le choisisse lui, pour finir. Et puis… 

   Les mots avaient du mal à venir. Il avait la gorge sèche et si peu l’habitude de faire de longs discours. Il porta son verre à ses lèvres. Sa grosse moustache trempait à moitié dans le liquide. Il avala d’un coup une rasade, en renversant la tête en arrière. Un trait de feu traversa sa bouche, son œsophage. Il tenta de recracher. Il porta les mains à son cou, se leva et sortit en hurlant. 

   Des hurlements que tous entendirent dans la ferme. Mirales s’était mis directement sous la pompe et plus il buvait, plus ça le brûlait. Il finit par tourner de l’oeil. 

   - Il faut le transporter à Perpignan, dit Tonio. Il s’est empoisonné avec le vin. Ca a l’air très grave. 

   Josefa était là immobile comme une statue. Lucie regardait la scène sans rien dire. Quant à Marcel, il était déjà reparti chez lui au village. 

   - Bon, on doit se décider vite ! Je peux conduire la camionnette, on le couchera derrière. Madame Mirales, vous resterez à ses côtés. 

   - Non, je ne peux pas voir ça ! Vas-y toi Lucie. 

   Le trajet, ils l’avaient fait sans se parler, avec le bruit des gouttes qui martelaient la carrosserie. Lucie lui indiquait juste le chemin le plus court. Finalement, elle était montée à côté de Tonio. Derrière, elle n’aurait pas pu. Ca lui faisait peur de voir son père baver comme un agonisant. Peu avant l’hôpital, il avait repris connaissance. Sa voix n’était plus qu’une plainte rauque. 

   Pendant qu’on le prenait en charge, Tonio avait expliqué à Lucie ce qui s’était passé. 

   - Il venait d’apprendre qui j’étais… Il allait me parler plus longuement… Quelqu’un l’a empoisonné… 

   - C’est peut-être juste une erreur de bouteille, un accident. Il y a toujours des tas de produits dans son bureau, un vrai débarras. 

   - Non, la bouteille était en hauteur, à côté des verres, déjà entamée. Je suis sûr de ce que je dis. 

   - Eh bien, si on t’interroge, tu diras qu’il l’a prise par terre la bouteille, parce que, s’il y a soupçon d’empoisonnement, c’est toute notre famille qui sera inquiétée, et toi avec. Car, si les gendarmes apprennent qui tu es, cela pourrait même retomber sur toi ! 

   - Je me demande comment il a compris qui j’étais ? Quand il est venu à la cave dans l’après-midi, il ne t’a pas questionnée ? 

   - Non, il est monté me voir dans ma chambre et il m’a parlé violemment. Il m’a dit qu’il ne fallait surtout plus que je te fréquente. A mon avis, il savait déjà qui tu étais ou du moins, il s’en doutait. C’est que tu lui ressembles, par les yeux, les cheveux… 

   - Et ta mère, elle ne se doutait de rien ? 

   - Je ne sais pas. Elle sait cacher ses sentiments. Elle est très observatrice en tout cas. 

   - C’est le flou total, si je comprends bien. 

***
(A Suivre)

%%%

"Vous nous relogez chez un banquier?
- Comment t'as deviné?"


The Expulsion of Adam and Eve from Parad - 
Francesco Curradi

“La Cour constitutionnelle 
suspend le décret du gouvernement andalou 
contre les expulsions”

   (...) La Cour constitutionnelle a décidé de suspendre de manière préventive le décret anti-expulsions du gouvernement régional andalou, en vigueur depuis le 12 avril.

   Ce décret permettait d'expropier les biens immobiliers appartenant aux banques et de les attribuer à des familles en situation de précarité et incapables de rembourser leur crédit hypothécaire. Jusqu'à présent, précise le quotidien, 12 familles avaient profité de cette mesure.

   La Cour, qui dispose désormais de cinq mois pour se prononcer, avait été saisie par le gouvernement central, qui considérait que ce décret était inconstitutionnel et qu’il accentuait les incertitudes juridiques pour le secteur bancaire espagnol (pauvre, pauvre petit secteur bancaire...) , une position partagée par la Commission européenne. (étonnant...) (...)


%%%

"Madame la Baronne, si je puis me permettre...
le portrait de votre soeur est admirable...
- Ce n'est pas ma soeur, c'est ma maîtresse...
- Glub!"


Francesco Beda

%%%

(Document prouvant que Monsieur Hitler
était un brave homme et qu'il ne voulait
pas la guerre. Son chien, par contre...)


Pourquoi la guerre ?
Michel WEBER

   (...) Une société sans guerre(s) est peu probable. Une société capitaliste sans guerres est impossible.On peut le montrer très facilement en systématisant les éléments d’analyses parfois épars que l’on retrouve chez Orwell et Mumford, mais également chez des auteurs contemporains comme Noam Chomsky, Jacques Pauwels et Annie Lacroix-Riz. (Afin de proposer une démonstration courte, je n’examine pas la définition du capitalisme par la "croissance".)

   Le pourquoi de la croissance, c’est la possibilité de mettre en œuvre une politique d’obsolescence sous ses formes cardinales. Force est cependant de constater que l’obsolescence ne parviendrait pas, à elle seule, à rencontrer le défi de la surproduction — qui est énorme et qui demande un moyen bien plus radical, un moyen qui travaillera à la fois en amont et en aval, un moyen qui formatera et le producteur et le consommateur. Ce moyen, c’est la guerre.

   Je ne parle pas de la guerre économique que tous les acteurs sont censés se livrer en permanence ; je ne parle pas non plus de la guerre sociale larvée dans laquelle vivent les individus conformes et atomisés (à la Machiavel ou à la Hobbes) ou de la guerre des classes (de Marx et Engels) ; je parle de la guerre en tant que production industrielle capitaliste. On ne trouvera rien de métaphorique ici.

   La stricte corrélation qui existe entre capitalisme et guerre a été pressentie entre autres par Karl Marx, Jean Jaurès, Georges Sorel et William James avant d’être analysée par Werner Sombart et Vladimir Lénine, mais surtout par Lewis Mumford (1932) et George Orwell (1949). Du point de vue de ces analyses, justifier la croissance équivaut à légitimer la guerre. On distinguera à leur suite trois types de fonction martiales, étagées selon leur degré d’évidence. Remarquons que chaque degré est directement corrélé à l’importance factuelle de la fonction, la moins évidente étant la plus fondamentale.

   Primo, les fonctions visibles sont stratégiques et tactiques. Il s’agit bien sûr de la défense nationale, mais cette notion simple est en fait susceptible de subir certains aménagements cosmétiques. S’agit-il de défendre son territoire stricto sensu (à la suisse) ou ses intérêts stratégiques (sur le mode us-américain) ? Le premier est clairement défini et la mission des armées de même ; les seconds peuvent porter sur des enjeux très éloignés dans l’espace et dans le temps, au point qu’une guerre sans fin contre « l’empire du mal », « la drogue » ou « la terreur » est tout à fait concevable.

   Ensuite, l’attaque préventive pour des motifs oiseux ou simplement fictifs est maintenant pratiquée en dehors de tout cadre juridique international – à moins que celui-ci ne s’avère manipulable sans efforts.

   Enfin, depuis 1971, l’attaque délibérée pour des motifs « politiques » peut être baptisée « guerre humanitaire » sans soulever aucun tollé chez les observateurs avertis. La guerre c’est la paix.

   Secundo, les fonctions liminales nous mettent en présence de trois grands archétypes. Par définition transhistoriques, on les retrouve dans toutes les sociétés et quasiment dans toutes les communautés.

   La religiosité renvoie au sacrifice tragique du guerrier et aux mythes primitifs ; mourir et donner la mort mettent en contact avec l’Ultime. La pratique de la guerre est proprement sacramentelle (cf. Eliade).

   Ensuite, les vertus martiales nous renvoient à un ensemble de valeurs mâles, soi-disant morales, fondatrices de l’État : la discipline de fer, l’intrépidité, le mépris de la douceur et de l’intérêt personnel, l’obéissance aveugle, etc.

   Enfin, cette abnégation assure la cohérence sociale (cf. Girard) et constitue une réponse efficace, à défaut d’être élégante, au danger malthusien (sous forme d’eugénisme de sa population et de génocide de l’adversaire). La liberté, c’est l’esclavage.

   Tertio, les fonctions invisibles portent plus directement encore sur les mécanismes de contrôle et de stabilisation de la société capitaliste.

   Il y a d’abord les fonctions politiques : créer l’unanimité par la distraction et, surtout, préserver les inégalités en exigeant la subordination en face de la menace extérieure, réelle ou imaginaire, immédiate ou annoncée.

   Ensuite viennent les fonctions économiques : la guerre permet bien sûr d’assurer l’accès aux matières premières et d’ouvrir de nouveaux marchés si les « partenaires commerciaux » s’avèrent peu sensibles aux arguments purement mercantiles (à la Ricardo) . Elle permet aussi d’écouler la surproduction de tout une série de biens et de services qui n’améliorent pas le sort des masses : il serait impossible de préserver le statu quo politique si les investissements portaient sur des biens socialement utiles (soins de santé pour tous, école démocratisée, infrastructures culturelles et sportives accessibles, autonomie énergétique, …) en lieu et place du socialement inutile.

   Enfin, il y a le keynésianisme militaire en tant que tel (que Chomsky a baptisé le « Pentagon system ») : en investissant massivement dans la recherche, le développement et la commercialisation de produits militaires, de leurs précurseurs et dérivés, l’État capitaliste stimule l’innovation technologique, l’emploi et la production industrielle. De plus, il offre des débouchés sûrs : le gigantesque marché militaire est garanti par l’État et financé par les impôts (payés par les pauvres) et les prêts (bénéficiant aux « marchés financiers »). La réticularité de cette pratique digne de la Russie soviétique (qui, soulignons-le, n’a fait que s’adapter, par la force des choses, au militarisme occidental) est tellement profonde et puissante que sa quantification est virtuellement impossible. 

   Un exemple suffira : en 1955, lorsque Chomsky est titularisé comme professeur de linguistique au MIT (Massachussetts Institute of Technology), l’Institut était financé à 100% par trois corps d’armée. Le lecteur naïf s’étonnera d’abord que des travaux aussi abscons que la grammaire générative et transformationnelle soient entièrement financés par le Pentagone. Il ajoutera peut-être que le MIT était à l’époque le centre principal de résistance du mouvement anti-guerre et que, de fait, Chomsky n’a jamais épargné ses efforts pour dénoncer le militarisme impérial des USA. On admettra en effet que certaines recherches semblent fort éloignées d’une application militaire directe, mais dans le cas de la linguistique, il n’en n’est rien : comprendre la structure fondamentale du langage permettrait en effet de formaliser toutes les langues et de créer des logiciels de traduction universelle (et donc panoptiques) ; du reste, la programmation d’ordinateurs complexes, d’automates performants, de drones et de droïdes passe également par la création de nouveaux algorithmes. 

   Que le MIT soit au surplus un nid de contestataires importe peu — à la condition expresse que ces universitaires contribuent par leurs travaux à alimenter la machine militaire et qu’en tant que contestataires leurs voix se noient dans le bruit médiatique. Si d’aventure elle se faisait entendre très brièvement, l’oligarchie s’empresserait d’y voir la preuve de la liberté d’expression qu’elle autorise avec la bienveillance qui la caractérise.

En dernier lieu, on doit épingler les fonctions psychologiques : la militarisation de la vie sociale renforce l’infantilisation en exigeant l’obéissance – et la confiance – aveugles ; la guerre, lorsqu’elle éclate, brise l’ennui de la vie dans une société mécanisée qui ne propose plus aucun sens à l’existence. Le choc de la réalité est alors vécu comme libérateur. Vivre sur le pied de guerre, c’est vivre vraiment, c’est vivre aux extrêmes. 

   Tout ceci ne présage en rien de la fonction dernière de l’entraînement militaire en général et de la guerre en particulier : prédation, agression et violence constituent des jouissances primitives (au sens de Lorenz, pas de Lacan). La libération du sadisme des oligarques, qui implique la possibilité d’enlever, de violer, de torturer et d’assassiner en dehors de tout cadre culturel (les mots manquent pour nommer cette logique qui n’est rationnelle qu’au sens pervers) sont l’alpha et l’oméga du fondement guerrier de nos sociétés. L’ignorance, c’est la force.

Dernier ouvrage paru : De quelle révolution avons-nous besoin ? (Sang de la Terre, 2013)


%%%
Luc Desle

samedi 21 janvier 2012

"Le Tueur aux Battoirs était le fils illégitime du Tueur des Abattoirs". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet".

£££
Pensées pour nous-mêmes:

(SOIS LE CIEL ET l'OCÉAN QUAND ILS S'ACCOUPLENT.)

£££

"Ils sont venus, ils sont tous là,
même ceux du sud de l'Italie...
Elle va mourir laaaaaa....
Démocrâssie..."

« Les nouveaux chiens de garde »,
film coréalisé par Gilles Balbastre 
et Yannick Kergoat

…avec Christophe Barbier (l'ami de Carlitta), Yves Calvi (Monsieur expliquez-moi-tout-comme-veut-le-comprendre-le-bas-peuple-que-je-méprise), Arlette Chabot (la vieille duègne racornie), Daniel Cohen (Monsieur je-parle-pour-ne-pas-m'écouter), François Denord (?), Alain Duhamel (Monsieur Formol), Jean-Pierre Elkabach (Monsieur Formol bis), Jean Gadray(?), Laurence Ferrari (Madame laquée), Luc Ferry (Monsieur Moi-Je-Philosophe), Michel Field (Monsieur ex-gaucho-comme-les-autres), Franz-Olivier Giesbert (tapeur en chef sur ceux qui, autrefois, me faisaient trembler) , Michel Godet(?), Laurent Joffrin (Monsieur barbiche), Jacques Julliard (Nouvel Obs de ma suffisance), Bernard-Henri Lévy (Là... Heu...), Frédéric Lordon(?), Henri Maler(?), Alain Minc (j'sais rien, donc j'dirai tout et son contraire), Michel Naudy(?), Christine Ockrent (Madame Formol), Jean-Pierre Pernaut (Le Bon-P'Tit-Gars), David Pujadas (Monsieur sourcil)… dans leurs propres rôles !
   « Mon pouvoir, excusez-moi, c’est une vaste rigolade. Le vrai pouvoir stable, c’est le pouvoir du capital. Il est tout à fait normal que le vrai pouvoir s’exerce (par le chantage? La prévarication? Le mensonge? La morgue? Le mépris? etc.). »
   Cette phrase (?) de Franz-Olivier Giesbert résume très bien ce que cherche à démontrer cet excellent film documentaire qui évoque les liaisons dangereuses entre journalistes et décideurs (dirigeants de grandes entreprises, responsables politiques…), et met à mal la sacro-sainte trinité « pluralisme (des décideurs d'argent, peut-être?) – indépendance (vis à vis de la Démocratie, trop brouillonne?) – objectivité (dans la démarche univoque?)» revendiquée pourtant par tout journaliste un tantinet soucieux d’éthique…(...)

Lire l'article excellent sur:

£££

"Le-Nucléaire-C'est-Sans-Danger-Je-Vous-L'assure"

(Cette attachée de presse de l'industrie nucléaire faisait froid dans le dos)

£££

Fukushima : 
« On a fait semblant de découvrir 
les dangers nucléaires »

   (...) Bernard Laponche, spécialiste de l'énergie atomique, déplore l'hypocrisie et le déni de l'Etat autour des trop nombreux risques nucléaires.

   (...) / Vous parlez d'un « bloc nucléaire », est-ce un lobby ?

   Je suis contre le mot lobby car c'est beaucoup plus que cela. C'est l'Etat, la haute administration, avec le corps des Mines et même l'Ena, donc la plupart des politiques qui sont pronucléaires. Sans parler du pouvoir du CEA, qui est un Etat dans l'Etat car il est à la fois dans le civil et le militaire, Areva qui a de l'argent pour se payer des publicités dans les médias, EDF tentaculaire... C'est un bloc, difficile à fissurer, qui commence à se fissurer aujourd'hui.
   Le nucléaire a été monté en épingle en France comme étant quelque chose de super important, et aujourd'hui, on s'aperçoit que le roi est nu, par un excès d'arrogance.

   / L'ASN et l'IRSN sont-ils indépendants à vos yeux ?

   A l'intérieur de cet Etat pronucléaire, ils ont un rôle de contrôle, qui n'ira jamais jusqu'à une remise en cause du nucléaire. C'est comme l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), à la fois chargée de contrôler le nucléaire, et aussi de le promouvoir, en somme de vérifier qu'on ne fait pas n'importe quoi avec.
   L'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) fait un très bon boulot de recherche et d'expertise. Ce sont surtout des ingénieurs qui trouvent dans la complexité du nucléaire des sujets de recherche passionnants. J'ai fait partie de cette « race », je les comprends.
   L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a tendance à se prendre pour Dieu le père en disant « Moi, je suis juge ». Ils ont le pouvoir de dire au gouvernement s'il faut arrêter les centrales, mais ne l'ont jamais fait.

   /Où sont les experts vraiment indépendants alors ?

   En France, si vous êtes un universitaire et que vous êtes antinucléaire, votre carrière est foutue.
    Il y a bien le Groupe de scientifiques pour l'information sur l'énergie nucléaire (GSIEN), créé dans les années 70 par des physiciens militants du Collège de France, et puis Wise Paris, avec Mycle Schneider et Yves Marignac, et l'association Global Chance, des labos indépendants comme laCRIIRAD et l »Acro, certains membres des CLI, mais cela fait peu de monde et peu de moyens. Le recours à l'expertise indépendante et à la contre-expertise devrait être systématique et rémunéré.
   C'est comme dans le médicament, où l'on s'aperçoit que les experts sont liés aux labos et ne sont pas indépendants. Si vous êtes dans un labo et que vous n'avez l'aide d'EDF ni de personne, vous n'êtes pas reconnu comme expert. (...)

Lire la passionnante entrevue sur:

£££

"On ne passe pas!
- Mais je veux sortir!
- Ce qui est dans le tunnel, reste dans le tunnel,
proverbe de commerçant palestinien.
- Ben M... alors!"
Entre Gaza et l'Egypte, 
les tunnels sont en grève

   (...) Apparemment rien de plus banal qu’une grève de commerçants pour protester contre une hausse des impôts et taxes sur leurs affaires.
   Sauf que cette grève-là, qui a débuté mardi 10 janvier 2012, est le fait des propriétaires de tunnels souterrains creusés entre la bande de Gaza et l’Egypte. Ils sont furieux d’être pressurés par le gouvernement Hamas, raconte al-akhbar. Et bloquent l’importation des biens et équipements en provenance d’Egypte.
   En vigueur depuis «juin 2006 après l'enlèvement d'un soldat israélien, le blocus de Gaza a été considérablement renforcé après la prise de contrôle du territoire en juin 2007 par le Hamas», rappelait Le Nouvel Observateur. Dès lors, avec la fermeture prolongée de la frontière, et la restriction des importations venant de l’Etat hébreu, les tunnels souterrains ont permis de commercer avec l’Egypte (matériau de construction, marchandises, pétrole, mazout).
   Vitaux pour l’économie de Gaza, ces tunnels permettent également l’acheminement d’armes vers Israël (...)

£££

"Sus à la Guerre!
- ?... Qu'ess-qui dit?
- T'inquiète... Ca fait longtemps qu'il a perdu la boule...
La faute aux éclats d'obus..."
Les guerres de 2012

ASIE CENTRALE 
(au hasard)

   (...) Plusieurs États de la région ne survivent que par un pur hasard: leurs infrastructures frôlent l’effondrement, leurs systèmes politiques sont dévorés par la corruption et leurs services publics sont pratiquement inexistants. Par-dessus le marché, le Tadjikistan, par exemple, doit affronter aujourd’hui des insurrections à la fois locales et extérieures menaçant sa sécurité, ce qu’il a à peu près zéro moyen de maîtriser. Pour ajouter aux malheurs du pays, ses relations avec l’Ouzbékistan voisin n’ont jamais été aussi mauvaises. Leur désaccord de longue date sur la gestion de l’eau ne semble pas près de se résoudre et des accidents aux frontières menacent parfois de déclencher des violences plus graves.

   Pour ce qui est de l’Ouzbékistan lui-même, si Washington s’appuie de plus en plus sur Tachkent pour sa logistique en Afghanistan, la nature brutale du régime signifie que c’est non seulement un partenaire embarrassant, mais aussi, au final, qu’il est extrêmement peu fiable. Il y a déjà eu au moins un attentat sur la voie de chemin de fer par laquelle transite le matériel américain dans le pays. Vu que l’état des relations entre les États-Unis et le Pakistan semble toucher le fond un peu plus chaque semaine, Washington estime probablement qu’il n’a pas beaucoup le choix, mais il passe indéniablement de Charybde en Scylla.

   Et puis il y a l’instable Kirghizistan. Faute de mesures rapides, véritables et complètes pour réparer les dégâts provoqués par les pogroms ethniques dans le sud en 2010, le pays risque un nouveau cycle de violences collectives. Melis Myrzakmatov, le maire ultranationaliste d’Osh [la deuxième ville du Kirghizistan], qui a dans le passé revendiqué que les ordre de Bichkek ne s’appliquaient pas à sa ville du sud, s’interroge sur la possibilité de créer une police municipale indépendante du ministère de l’Intérieur et va sans nul doute continuer à envoyer des coups de semonce au gouvernement central en 2012. (...)


£££
Luc Desle