Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.
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vendredi 16 mai 2014

"Ces vieilles gambettes et ces jeunes tétons constituaient un étrange couple". Benoît Barvin in "Pensées pensées".

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Pensées pour nous-mêmes:

(TENDS LA MAIN POUR DONNER,
PAS TOUJOURS POUR RECEVOIR)

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"Père, Père,
dites-moi lequel choisir!"


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(Stock de pilules pour maintenir en dépendance 
les citoyens de ce grand pays démocratique)


« Les États-Unis,
la plus grande oligarchie du monde »

AC - Solidarité Internationale PCF

   (...) Prompts à railler les « oligarques » russes, la « dictature » chinoise, nos médias occidentaux ne tarissent pas de poncifs tout faits pour la « première démocratie du monde » américaine. Une idée reçue balayée par une étude réalisée au sein de la vénérable université de Princeton révélant la réalité de l’oligarchie américaine.

   Qui gouverne aux Etats-unis ? Quel type de régime connaît la première puissance mondiale ? Le discours de la Guerre froide nous imprègne tellement qu’il nous est difficile de ne pas répondre : une démocratie.

   Le sens des mots étant dévoyé, il convient de rappeler qu’une démocratie est un régime où – si on reprend la définition classique du président américain Lincoln – il y a «gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple»Le contraire de démocratie n’est donc pas dictature (idéologie de Guerre froide oblige) mais bien oligarchie. Il peut donc très bien y avoir des « dictatures du peuple » et des « oligarchies constitutionnelles ».

   La question prend une nouvelle tournure avec l’étude réalisée par un universitaire de Princeton Martin Gilens, assisté d’un autre professeur de Northwestern university Benjamin Page : « Testing theories of American politics : elites, interest groups and average citizens ». Pour simplifier, ce travail vise à répondre à la question qui divise la science politique américaine depuis un demi-siècle :

   Thèse 1 – les Etats-unis sont une démocratie caractérisée par le pluralisme, où les intérêts privés concordent avec l’intérêt général, le gouvernement de la majorité avec le respect des minorités – thèse dite de la « démocratie électorale majoritaire » ou du « pluralisme majoritaire ».

   Thèse 2 – Les Etats-unis sont une oligarchie caractérisée par un « pluralisme biaisé » où certains groupes d’intérêts, les élites économiques, ont le pouvoir d’influencer la politique américaine dans le sens de leurs intérêts particuliers, au détriment de l’opinion de la majorité.

   Si la première thèse a été majoritaire pendant toute la Guerre froide, synthétisée par Robert Dahl, la seconde résumée par C.Wright Mills pointant la « Power elite » américaine, reprise récemment par Michael Parenti dans sa « Democracy for the few » se révèle de plus en plus pertinente au vu de l’évolution de la politique américaine depuis trois décennies.

   La méthode du professeur Gilens consiste concrètement à étudier 1 779 cas entre 1981 et 2002 où il est possible à la fois d’obtenir des sondages sur l’avis de la majorité des Américains, de l’élite économique et des groupes d’intérêts les puissants (avant tout économiques), et de mesurer combien l’adoption d’une loi sur ce sujet, ou son blocage, reflète les intérêts de tel ou tel groupe social.

   Ces projets de loi, changements de politique ont avant tout trait aux questions économiques et sociales – principalement autour de nouveaux impôts, d’exonérations fiscales, ou de réformes des systèmes sociaux – mais aussi sociétales – port d’armes, peine de mort, avortement. (...) 

   (...) Tout d’abord, l’étude part de l’étude des motivations des trois acteurs étudiés (la majorité des Américains, l’élite économique, les groupes d’intérêts) et constate que les motivations des « groupes d’intérêts », avant tout liés au patronat américain, à l’élite économique, sont souvent opposées à celles de la majorité de la population américaine. (...)

   (...) Laissons parler les chercheurs : « l’impact estimé des préférences de l’Américain moyen tombe à un niveau insignifiant, proche de zéro. Ce n’est pas que les citoyens ordinaires n’ont pas seuls un pouvoir important sur les décisions politiques, ils n’ont en fait aucune influence du tout.

   En revanche, les élites économiques ont un impact important, significatif, indépendant sur les politiques menées. De la même façon, les groupes d’intérêt organisés se révèlent avoir une influence substantielle sur les politiques poursuivies ». Cette affirmation, les chercheurs américains le justifient par un calcul simple : si on neutralise les motivations de l’élite économique, l’impact de l’opinion populaire sur l’adoption d’un changement de politique est nul.

   Que les citoyens approuvent massivement un projet de loi (à 90 %), ou qu’ils le rejettent tout aussi massivement (10 % d’adhésion), la probabilité que ce projet devienne une loi est de l’ordre de 30 %.

   Dans l’autre sens, si les élites économiques sont massivement opposées (10 % d’adhésion) à un changement de politique (ex : de nouveaux impôts pénalisant les riches), celui-ci n’a que très peu de chances – pas plus de 5 % – d’être adopté.

   Si les élites économiques apportent un soutien massif à un projet (plus de 90 %), comme par exemple ceux portant sur des exonérations fiscales, la probabilité que ce changement politique soit acté dépasse les 50 %. (...) 

   Les chercheurs nuancent l’idée : « cela ne signifie pas que le citoyen moyen perd systématiquement dans ce système ». Et ils donnent deux exemples, illustrant bien le biais en faveur des plus riches :

1 – « quand les préférences des citoyens moyens sont conformes à celles des élites économiques, alors les citoyens moyens obtiennent ce qu’ils veulent, même si ils ne sont pas à l’origine de la victoire ».

   Quand la bourgeoisie américaine est arrivée à imposer ses préoccupations à la majorité de la population (ex : la propagande sur les baisses d’impôt, sur les fraudeurs à la Sécurité sociale), le peuple peut gagner une victoire. Prime à l’idéologie ultra-libérale !

   ... Même si les chercheurs rappellent que « les questions sur lesquelles élites économiques et citoyens ordinaires sont en désaccord restent importantes : restrictions commerciales, politiques fiscales, réglementation sur les entreprises, avortement, religion – et les pertes politiques enregistrées par les citoyens sont loin d’être anodines ». Pour le moins !

   2 – les chercheurs notent que le système politique américain basé sur le fédéralisme, la séparation des pouvoirs, le bi-caméralisme « introduit un certain biais au statu-quo ».

   « Quand des majorités politiques sont en faveur du statu quo, s’opposent à un changement de politique, elles peuvent arriver à leurs fins. Mais quand ces mêmes majorités – même très largement – veulent le changement, elles risquent de ne pas l’obtenir ».

   Ainsi, quand une majorité de la population veut un changement de politique concret, elle n’obtient gain de cause que 30 % des cas. Même quand il s’agit d’une majorité écrasante (plus de 80 % d’adhésion), le taux d’adoption d’un projet de loi ne dépasse pas 43 %. Prime au conservatisme ! (...) 

   Les chercheurs sont eux-mêmes lucides sur les limites de leur enquête. En premier lieu, leur définition d’un côté peut-être trop extensive de la définition d’ « élites économiques » : 10 % les plus riches en termes de revenus un chiffre qui pourrait être réduit à 1 %, ou au 1 % des détenteurs de patrimoine.

   Deuxièmement, la définition peut-être trop restrictive des « groupes d’intérêt » réduite ici à une trentaine de groupes de pression, là où des centaines influencent la vie politique américaine, locale ou nationale.

   Paradoxalement, cette auto-critique irait plutôt dans le sens, dans cette enquête, d’une minimisation du pouvoir des plus riches, de l’élite économique sur les décisions politiques. Une analyse plus fine révélerait sans doute des corrélations plus directes entre certains acteurs et les décisions prises. Ce qui est certain pour les responsables de l’enquête, c’est que la majorité de la population n’a et n’aurait de toute façon aucune influence sur le processus politique.

   C’est la conclusion à laquelle arrivent les chercheurs sur l’avenir de la démocratie en Amérique : « d’une part, ce que nos chiffres révèlent, c’est que la majorité ne gouverne pas aux Etats-unis. Quand une majorité de citoyens est en désaccord avec les élites économiques, elle perd ».

   Selon les auteurs, en guise de conclusion : « nous pensons que si le processus de décision politique est dominé par de puissantes organisations patronales et un petit nombre d’Américains très riches, alors les prétentions de l’Amérique à être une société démocratique sont sérieusement menacées ».

   On se souvient des mots de Lénine, dans l’Etat et la Révolution : « La société capitaliste nous offre une démocratie plus ou moins complète. Mais cette démocratie est toujours confinée dans le cadre étroit de l’exploitation capitaliste et, de ce fait, elle reste toujours, quant au fond, une démocratie pour la minorité, uniquement pour les classes possédantes, uniquement pour les riches ».

    On pourrait citer également l’avertissement de Thomas Jefferson à la fin de sa vie, en 1825, dans une lettre à William Branch Giles : « il y a désormais des parvenus, qui n’ont que mépris pour les valeurs démocratiques de 1776, et qui ont acquis un pouvoir formidable : ils visent désormais à être une aristocratie, basée sur le pouvoir des institutions bancaires et des grandes entreprises, se drapant derrière leurs succès dans l’industrie et le commerce pour mieux dominer le travailleur spolié et le paysan paupérisé ».

   Au vu de la situation de la démocratie en Amérique, combien les analyses de Lénine et les inquiétudes de Jefferson sont vérifiées aujourd’hui : dernière le vernis démocratique, la même domination étriquée et plus puissantes des plus riches, d’une infime minorité !

Voir le document d’origine sur le site de l’Université de Princeton :



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(Cette jeune femme regrettait le temps où les
rencontres amoureuses ne tombaient pas
sous le joug du safe sex)



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Benoît Barvin

mercredi 28 août 2013

"Le vrai supplice de Tantale: avoir la langue coupée". Benoît Barvin in "Pensées pensées".

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Pensées pour nous-mêmes:

(LA LUNE DÉSIGNE-T-ELLE
TON DOIGT?)

***
"Je suis contennnnteuh...
- Et pourquoi?
- Parce que je suis vivannnnteuh..."


…danza, danza, danza…

***

"Les oligarques menteurs, voleurs 
et donneurs de leçons?
Désolé, je n'en ai jamais rencontrés"



Hervé Kempf : 
« Il est vital pour l’oligarchie de maintenir 
la fiction d’une démocratie » - 

   / Basta ! : Pourquoi affirmez-vous que nous ne sommes plus en démocratie, et pas encore en dictature, mais dans une « oligarchie » ?

   - Hervé Kempf : Dans les pays occidentaux, l’évolution du capitalisme ces 30 dernières années a provoqué une considérable augmentation des inégalités. Elle a conduit à détacher encore plus le groupe des très riches du reste de la société. Ce groupe a acquis un pouvoir énorme, qui lui permet de contrôler les grands choix collectifs. Derrière l’apparence d’une démocratie représentative, le destin de la collectivité est déterminé par un petit groupe de gens, la classe oligarchique.

   Le régime oligarchique actuel se caractérise par une extension du pouvoir des acteurs économiques, bancaires et financiers. Et par un affaiblissement du pouvoir relatif de l’État. L’histoire récente l’illustre clairement, avec les exemples de la Grèce, du Portugal, de l’Irlande : ce sont désormais les spéculateurs, les banques, les fonds de pension qui décident des politiques économiques de ces pays. Le dénouement de la crise financière montre également la disproportion entre le pouvoir des États et celui des agents privés. Le système financier est sauvé fin 2008 par l’engagement des crédits et de l’épargne publics. Éviter l’effondrement du système était nécessaire. 

   Mais on est en droit d’attendre que la puissance publique reprenne le contrôle des agents financiers qui avaient conduit à la crise par leur comportement irresponsable. Cela n’a absolument pas été le cas. L’autonomie de décision du secteur bancaire a été largement préservée. Les tentatives de régulation ne corrigent qu’à la marge les dysfonctionnements et les comportements spéculatifs.

   / L’oligarchie désigne à la fois une réalité sociologique et un système politique. Comment fonctionne cette élite puissante et fortunée ?

   - Une des caractéristiques du régime oligarchique est l’imbrication étroite entre les cercles dirigeants politiques et économiques. Alors que l’un des principes fondamental de la démocratie est la séparation : d’un côté les élus, les hauts-fonctionnaires, les membres des cabinets ministériels et de l’autre les dirigeants des banques et des grandes entreprises. Ils ne doivent pas être adversaires, au contraire, c’est important qu’une société démocratique ait une activité économique prospère. Mais en démocratie, les affaires privées relèvent d’une autre logique que les affaires publiques. 

   Or on observe aujourd’hui une fusion des deux systèmes de gestion. Ceux qui sont en charge des affaires publiques ont beaucoup moins le souci de l’intérêt public. Ou plutôt, ils ont le souci que la gestion des intérêts publics n’entre pas en contradiction avec la préservation des grands intérêts privés. On observe aussi un constant va-et-vient, du point de vue des acteurs, entre les milieux de la haute décision publique et ceux des grandes entreprises ou de la banque.

   / Le glissement de la démocratie vers l’oligarchie ne s’est pas fait brutalement, mais plutôt de manière insidieuse…

   - Cela s’est opéré avec le creusement progressif des inégalités – dont on a véritablement pris la mesure ces dernières années. Tout le discours de l’oligarchie consiste à préserver la fiction de la démocratie. Il est vital pour le maintien d’un système inégalitaire que le peuple continue à croire qu’il est en démocratie, que c’est lui qui décide. Aujourd’hui, une partie de la classe dirigeante est cependant en train d’abandonner l’idéal démocratique et aspire plus ou moins ouvertement à un régime totalitaire. Il n’y a qu’à voir le nombre de capitalistes en admiration devant le régime chinois, parce qu’il atteint des taux de croissance économique records grâce à un gouvernement autoritaire.

   / L’oligarchie témoigne d’une conscience de classe aiguisée, d’une communauté sociologique solidaire. Mais, face à l’oligarchie, pourquoi une telle passivité, une telle apathie collective ? Pourquoi ne se rebelle-t-on pas ?

   - L’évolution du capitalisme s’est accompagnée d’une transformation majeure de la culture collective. L’individualisme s’est exacerbé à un point sans doute jamais vu. Il forme aujourd’hui le fond de notre culture, de notre conscience collective, de notre façon d’être. C’est ce qui cause notre faiblesse et notre incapacité à nous rebeller. L’individualisme fragmente la société. Il nous paralyse et nous handicape face à des gens qui, même s’ils sont peu nombreux, « jouent collectif » et sont très cohérents.

   Pour dépasser cela, il faut nous affranchir d’un conditionnement extrêmement fort des médias, et particulièrement de la télévision. Elle est devenue si quotidienne et banale, on ne se rend même plus compte à quel point elle modèle et diffuse la culture collective. Le système de valeurs qu’elle projette, avec la publicité, est individualiste, axé sur la consommation, et n’invite pas à intervenir dans la sphère publique. (rien que du connu, mais les rappels ne sont jamais vains) (...)

Lire la suite sur:

***
"Ma manière yankee d'aplanir les difficultés
que j'ai contribué à faire naître?
Yeah, man! Com'on!!!
Ahahaha!"



oh my bloody god

***
Luc Desle

mardi 16 juillet 2013

"Elle se cassa la voix et renonça à en acheter une autre". Benoît Barvin. "Pensées pensées."

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Pensées pour nous-mêmes:

(PAR TA PENSÉE
TU REJOINS LES ETOILES)

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Long Texte au long cours (2/11). 
Blanche Baptiste

   Le père Mirales a appris que l'espagnol qui travaille dans les vignes fait partie de sa famille. Ce secret de famille étant éventé, il se sent de plus en plus mal...


HAUTES DILUTIONS

ocaranza-Travesuras-amor

4

   Aurore est en nage. Une de ses moufles est tombée et son autre joue est toute labourée de sang. 

   - Tu n’es pas raisonnable ! Comment pourrais-tu l’être d’ailleurs ? Je n’en finis pas de me leurrer à ton égard, et d’espérer. Tu ne comprends peut-être pas ce que je te dis, mais qui sait ? En tout cas, j’en ai assez de cette vie. 

   Lucie lui lave le visage et la main. Et entre les doigts crispés, elle trouve un petit tube de comprimés homéopathiques. 

   - Alors ça ! Comment as-tu fait ? Tu ne sais pas faire ce geste d’habitude. 

   Elle se demande si c’est un réflexe volontaire, le hasard, ou le résultat d’une intention précise. Elle ne saura jamais. En attendant, il faut qu’elle prépare la petite. A dix-huit heures, l’association passera la prendre pour le week-end. Ce sera un soulagement passager mais qui lui redonnera assez de courage pour aller jusqu’au mois suivant et ainsi de suite. Mieux vaut ne pas y penser ! 

*** 

   Elle voit partir le minibus sous les premières gouttes de l’orage. Elle respire comme on dit et pourtant elle se sent oppressée. 

   Quand les vendangeurs étaient rentrés le soir, il faisait lourd à nouveau. De gros nuages montaient de la mer, menaçants. Elle guettait Tonio depuis la fenêtre de sa chambre. Elle pensait aller le rejoindre tout de suite, mais son père avait abordé le garçon, pas plutôt descendu de la camionnette. Il avait réfléchi tout l’après-midi à ce qu’il allait lui dire, et soudain il craignait de ne pas trouver les mots. 

   - Je veux te voir dans mon bureau. Suis-moi ! 

   Ils étaient entrés dans la pièce assombrie par la lourde treille qui pendait là devant. Lucie aurait voulu se précipiter, ne pas les laisser en présence. Elle savait que son père pouvait être violent. Mais elle resta figée sur place, le front contre les carreaux. 

   Mirales avait pris sur une étagère, deux verres et une bouteille de Banyuls entamée. 

   - C’est du bon. Tu aurais peut-être préféré du Champagne, hein ? Pour des retrouvailles ç’aurait été tout indiqué. Mais je ne pouvais pas prévoir la surprise, qu’un ange me tomberait du ciel... 

   Il avait rempli les verres à ras-bord. 

   - Tiens, bois un coup, ça détendra l’atmosphère. 

   Il y avait de la froideur chez Mirales et de l’émotion chez son fils qui réalisait à ses dernières allusions qu’il était démasqué. 

   - Je voulais vous connaître, savoir qui vous étiez, c’est tout. 

   - Ta mère a dû t’en dire des saloperies sur moi, la garce. Parce que c’est pas ce que l’on croit… 

   Et il lui raconta la véritable histoire. Cette belle fille de dix-sept ans qui lui avait fait du charme comme elle en faisait à d’autres dans le camp. Il avait été fier qu’elle le choisisse lui, pour finir. Et puis… 

   Les mots avaient du mal à venir. Il avait la gorge sèche et si peu l’habitude de faire de longs discours. Il porta son verre à ses lèvres. Sa grosse moustache trempait à moitié dans le liquide. Il avala d’un coup une rasade, en renversant la tête en arrière. Un trait de feu traversa sa bouche, son œsophage. Il tenta de recracher. Il porta les mains à son cou, se leva et sortit en hurlant. 

   Des hurlements que tous entendirent dans la ferme. Mirales s’était mis directement sous la pompe et plus il buvait, plus ça le brûlait. Il finit par tourner de l’oeil. 

   - Il faut le transporter à Perpignan, dit Tonio. Il s’est empoisonné avec le vin. Ca a l’air très grave. 

   Josefa était là immobile comme une statue. Lucie regardait la scène sans rien dire. Quant à Marcel, il était déjà reparti chez lui au village. 

   - Bon, on doit se décider vite ! Je peux conduire la camionnette, on le couchera derrière. Madame Mirales, vous resterez à ses côtés. 

   - Non, je ne peux pas voir ça ! Vas-y toi Lucie. 

   Le trajet, ils l’avaient fait sans se parler, avec le bruit des gouttes qui martelaient la carrosserie. Lucie lui indiquait juste le chemin le plus court. Finalement, elle était montée à côté de Tonio. Derrière, elle n’aurait pas pu. Ca lui faisait peur de voir son père baver comme un agonisant. Peu avant l’hôpital, il avait repris connaissance. Sa voix n’était plus qu’une plainte rauque. 

   Pendant qu’on le prenait en charge, Tonio avait expliqué à Lucie ce qui s’était passé. 

   - Il venait d’apprendre qui j’étais… Il allait me parler plus longuement… Quelqu’un l’a empoisonné… 

   - C’est peut-être juste une erreur de bouteille, un accident. Il y a toujours des tas de produits dans son bureau, un vrai débarras. 

   - Non, la bouteille était en hauteur, à côté des verres, déjà entamée. Je suis sûr de ce que je dis. 

   - Eh bien, si on t’interroge, tu diras qu’il l’a prise par terre la bouteille, parce que, s’il y a soupçon d’empoisonnement, c’est toute notre famille qui sera inquiétée, et toi avec. Car, si les gendarmes apprennent qui tu es, cela pourrait même retomber sur toi ! 

   - Je me demande comment il a compris qui j’étais ? Quand il est venu à la cave dans l’après-midi, il ne t’a pas questionnée ? 

   - Non, il est monté me voir dans ma chambre et il m’a parlé violemment. Il m’a dit qu’il ne fallait surtout plus que je te fréquente. A mon avis, il savait déjà qui tu étais ou du moins, il s’en doutait. C’est que tu lui ressembles, par les yeux, les cheveux… 

   - Et ta mère, elle ne se doutait de rien ? 

   - Je ne sais pas. Elle sait cacher ses sentiments. Elle est très observatrice en tout cas. 

   - C’est le flou total, si je comprends bien. 

***
(A Suivre)

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"Vous nous relogez chez un banquier?
- Comment t'as deviné?"


The Expulsion of Adam and Eve from Parad - 
Francesco Curradi

“La Cour constitutionnelle 
suspend le décret du gouvernement andalou 
contre les expulsions”

   (...) La Cour constitutionnelle a décidé de suspendre de manière préventive le décret anti-expulsions du gouvernement régional andalou, en vigueur depuis le 12 avril.

   Ce décret permettait d'expropier les biens immobiliers appartenant aux banques et de les attribuer à des familles en situation de précarité et incapables de rembourser leur crédit hypothécaire. Jusqu'à présent, précise le quotidien, 12 familles avaient profité de cette mesure.

   La Cour, qui dispose désormais de cinq mois pour se prononcer, avait été saisie par le gouvernement central, qui considérait que ce décret était inconstitutionnel et qu’il accentuait les incertitudes juridiques pour le secteur bancaire espagnol (pauvre, pauvre petit secteur bancaire...) , une position partagée par la Commission européenne. (étonnant...) (...)


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"Madame la Baronne, si je puis me permettre...
le portrait de votre soeur est admirable...
- Ce n'est pas ma soeur, c'est ma maîtresse...
- Glub!"


Francesco Beda

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(Document prouvant que Monsieur Hitler
était un brave homme et qu'il ne voulait
pas la guerre. Son chien, par contre...)


Pourquoi la guerre ?
Michel WEBER

   (...) Une société sans guerre(s) est peu probable. Une société capitaliste sans guerres est impossible.On peut le montrer très facilement en systématisant les éléments d’analyses parfois épars que l’on retrouve chez Orwell et Mumford, mais également chez des auteurs contemporains comme Noam Chomsky, Jacques Pauwels et Annie Lacroix-Riz. (Afin de proposer une démonstration courte, je n’examine pas la définition du capitalisme par la "croissance".)

   Le pourquoi de la croissance, c’est la possibilité de mettre en œuvre une politique d’obsolescence sous ses formes cardinales. Force est cependant de constater que l’obsolescence ne parviendrait pas, à elle seule, à rencontrer le défi de la surproduction — qui est énorme et qui demande un moyen bien plus radical, un moyen qui travaillera à la fois en amont et en aval, un moyen qui formatera et le producteur et le consommateur. Ce moyen, c’est la guerre.

   Je ne parle pas de la guerre économique que tous les acteurs sont censés se livrer en permanence ; je ne parle pas non plus de la guerre sociale larvée dans laquelle vivent les individus conformes et atomisés (à la Machiavel ou à la Hobbes) ou de la guerre des classes (de Marx et Engels) ; je parle de la guerre en tant que production industrielle capitaliste. On ne trouvera rien de métaphorique ici.

   La stricte corrélation qui existe entre capitalisme et guerre a été pressentie entre autres par Karl Marx, Jean Jaurès, Georges Sorel et William James avant d’être analysée par Werner Sombart et Vladimir Lénine, mais surtout par Lewis Mumford (1932) et George Orwell (1949). Du point de vue de ces analyses, justifier la croissance équivaut à légitimer la guerre. On distinguera à leur suite trois types de fonction martiales, étagées selon leur degré d’évidence. Remarquons que chaque degré est directement corrélé à l’importance factuelle de la fonction, la moins évidente étant la plus fondamentale.

   Primo, les fonctions visibles sont stratégiques et tactiques. Il s’agit bien sûr de la défense nationale, mais cette notion simple est en fait susceptible de subir certains aménagements cosmétiques. S’agit-il de défendre son territoire stricto sensu (à la suisse) ou ses intérêts stratégiques (sur le mode us-américain) ? Le premier est clairement défini et la mission des armées de même ; les seconds peuvent porter sur des enjeux très éloignés dans l’espace et dans le temps, au point qu’une guerre sans fin contre « l’empire du mal », « la drogue » ou « la terreur » est tout à fait concevable.

   Ensuite, l’attaque préventive pour des motifs oiseux ou simplement fictifs est maintenant pratiquée en dehors de tout cadre juridique international – à moins que celui-ci ne s’avère manipulable sans efforts.

   Enfin, depuis 1971, l’attaque délibérée pour des motifs « politiques » peut être baptisée « guerre humanitaire » sans soulever aucun tollé chez les observateurs avertis. La guerre c’est la paix.

   Secundo, les fonctions liminales nous mettent en présence de trois grands archétypes. Par définition transhistoriques, on les retrouve dans toutes les sociétés et quasiment dans toutes les communautés.

   La religiosité renvoie au sacrifice tragique du guerrier et aux mythes primitifs ; mourir et donner la mort mettent en contact avec l’Ultime. La pratique de la guerre est proprement sacramentelle (cf. Eliade).

   Ensuite, les vertus martiales nous renvoient à un ensemble de valeurs mâles, soi-disant morales, fondatrices de l’État : la discipline de fer, l’intrépidité, le mépris de la douceur et de l’intérêt personnel, l’obéissance aveugle, etc.

   Enfin, cette abnégation assure la cohérence sociale (cf. Girard) et constitue une réponse efficace, à défaut d’être élégante, au danger malthusien (sous forme d’eugénisme de sa population et de génocide de l’adversaire). La liberté, c’est l’esclavage.

   Tertio, les fonctions invisibles portent plus directement encore sur les mécanismes de contrôle et de stabilisation de la société capitaliste.

   Il y a d’abord les fonctions politiques : créer l’unanimité par la distraction et, surtout, préserver les inégalités en exigeant la subordination en face de la menace extérieure, réelle ou imaginaire, immédiate ou annoncée.

   Ensuite viennent les fonctions économiques : la guerre permet bien sûr d’assurer l’accès aux matières premières et d’ouvrir de nouveaux marchés si les « partenaires commerciaux » s’avèrent peu sensibles aux arguments purement mercantiles (à la Ricardo) . Elle permet aussi d’écouler la surproduction de tout une série de biens et de services qui n’améliorent pas le sort des masses : il serait impossible de préserver le statu quo politique si les investissements portaient sur des biens socialement utiles (soins de santé pour tous, école démocratisée, infrastructures culturelles et sportives accessibles, autonomie énergétique, …) en lieu et place du socialement inutile.

   Enfin, il y a le keynésianisme militaire en tant que tel (que Chomsky a baptisé le « Pentagon system ») : en investissant massivement dans la recherche, le développement et la commercialisation de produits militaires, de leurs précurseurs et dérivés, l’État capitaliste stimule l’innovation technologique, l’emploi et la production industrielle. De plus, il offre des débouchés sûrs : le gigantesque marché militaire est garanti par l’État et financé par les impôts (payés par les pauvres) et les prêts (bénéficiant aux « marchés financiers »). La réticularité de cette pratique digne de la Russie soviétique (qui, soulignons-le, n’a fait que s’adapter, par la force des choses, au militarisme occidental) est tellement profonde et puissante que sa quantification est virtuellement impossible. 

   Un exemple suffira : en 1955, lorsque Chomsky est titularisé comme professeur de linguistique au MIT (Massachussetts Institute of Technology), l’Institut était financé à 100% par trois corps d’armée. Le lecteur naïf s’étonnera d’abord que des travaux aussi abscons que la grammaire générative et transformationnelle soient entièrement financés par le Pentagone. Il ajoutera peut-être que le MIT était à l’époque le centre principal de résistance du mouvement anti-guerre et que, de fait, Chomsky n’a jamais épargné ses efforts pour dénoncer le militarisme impérial des USA. On admettra en effet que certaines recherches semblent fort éloignées d’une application militaire directe, mais dans le cas de la linguistique, il n’en n’est rien : comprendre la structure fondamentale du langage permettrait en effet de formaliser toutes les langues et de créer des logiciels de traduction universelle (et donc panoptiques) ; du reste, la programmation d’ordinateurs complexes, d’automates performants, de drones et de droïdes passe également par la création de nouveaux algorithmes. 

   Que le MIT soit au surplus un nid de contestataires importe peu — à la condition expresse que ces universitaires contribuent par leurs travaux à alimenter la machine militaire et qu’en tant que contestataires leurs voix se noient dans le bruit médiatique. Si d’aventure elle se faisait entendre très brièvement, l’oligarchie s’empresserait d’y voir la preuve de la liberté d’expression qu’elle autorise avec la bienveillance qui la caractérise.

En dernier lieu, on doit épingler les fonctions psychologiques : la militarisation de la vie sociale renforce l’infantilisation en exigeant l’obéissance – et la confiance – aveugles ; la guerre, lorsqu’elle éclate, brise l’ennui de la vie dans une société mécanisée qui ne propose plus aucun sens à l’existence. Le choc de la réalité est alors vécu comme libérateur. Vivre sur le pied de guerre, c’est vivre vraiment, c’est vivre aux extrêmes. 

   Tout ceci ne présage en rien de la fonction dernière de l’entraînement militaire en général et de la guerre en particulier : prédation, agression et violence constituent des jouissances primitives (au sens de Lorenz, pas de Lacan). La libération du sadisme des oligarques, qui implique la possibilité d’enlever, de violer, de torturer et d’assassiner en dehors de tout cadre culturel (les mots manquent pour nommer cette logique qui n’est rationnelle qu’au sens pervers) sont l’alpha et l’oméga du fondement guerrier de nos sociétés. L’ignorance, c’est la force.

Dernier ouvrage paru : De quelle révolution avons-nous besoin ? (Sang de la Terre, 2013)


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Luc Desle

mardi 16 octobre 2012

"Zorro indiqua à Batman la laverie où il faisait laver sa précieuse cape". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet"

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Pensées pour nous-mêmes:

(A CHAQUE INSPIRATION,

GOUTE LE PLAISIR DU MONDE)

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(L'attrapeur d'idées toutes faites
en pleine action)

El Flagellante.

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"Qu'est-ce que tu penses de Bakounine?
- Qu'il en avait une aussi petite de Lénine...
- Et Mélenchon?
- Ca, ma petite, c'est mon secret...
Par contre, pour DSK, je peux te dire...
- Ah non, suffit! J'en ai le coeur
au bord des lèvres!""

Ne pas laisser l’oligarchie imposer l’austérité 
et la récession aux peuples : 
comment être à la hauteur ?
 Évariste

   (...) La menace se précise à court terme. Mais avec plus de 60.000 manifestants (comptage effectué par lignes par Respublica avec trois points fixes) à Paris contre le traité, nous avons vu les effets d’une grande détermination. Nous avons également eu des remontées sur de nombreuses réunions en province qui n’ont pu monter à Paris (faute d’une organisation de type de celle utilisée le 16 janvier 1994 - où nous étions environ 1 million contre la volonté de Bayrou et Balladur de renforcer l’inique loi Falloux de 1850 - avec la location de trains entiers organisée par les structures nationales syndicales et une mobilisation sur plusieurs mois !)

   Il faut en finir avec l’idée des socialistes grecs, portugais, espagnols, italiens et français selon laquelle on peut lutter contre l’austérité et la récession avec le processus européen actuel. Mais il ne suffit pas de se plaindre sur un mur des Lamentations virtuel pour changer les choses. Nous rappelons l’analyse que vous avez pu lire dans les éditos de Respublica du printemps dernier, à savoir que les élections montraient tout d’abord que la droite et l’extrême droite se sont renforcées et que François Hollande ne devait le succès qu’à la division de la droite qui n’a pu être rassemblée par Nicolas Sarkozy. Telle est la réalité des abstentions au deuxième tour de la présidentielle. Nous avons aussi souligné à propos de ces élections les phénomènes de gentrification (exode des couches populaires vers les zones périurbaines et rurales principalement, venant des villes-centres, mais aussi de la banlieue) et d’homogénéisation des quartiers, qui n’ont été pris en compte ni par la gauche ordolibérale ni par la gauche de gauche.

   Ces élections montrent aussi que la gauche de gauche n’a que timidement démarré sa reconquête des couches populaires (53 % de la population active) alors que c’est sa seule possibilité de développement. Mais aussi que la capacité d’influence des responsables et militants de la gauche de gauche auprès de leur environnement de proximité est faible, ce qui explique la faiblesse du ratio législative/présidentielle et la déception au vu des résultats comparés aux rassemblements en meetings. Tout cela, nous l’avons déjà écrit, mais il faut se le rappeler sans cesse ! (...)


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"Quoi, mon chapeau?
Vous n'en avez pas marre, non?
Comment? Ah, cette fois c'est mon lorgnon...
Vous riez d'un rien, mon pauvre vieux..."

unknown

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"A notre époque, c'est au gros qui tâche
qu'on se dopait... Ça avait une autre gueule, non?"

Armstrong accusé du programme de dopage 
"le plus sophistiqué jamais vu"
(surtout pendant qu'il était en activité
parce que les professionnels
regardaient ailleurs?)

   (...) Lance Armstrong, septuple vainqueur du tour de France, et l'équipe cycliste US Postal avaient "monté le programme de dopage le plus sophistiqué jamais vu dans l'histoire du sport", a accusé mercredi l'Agence américaine antidopage (Usada) dans un communiqué.

   Dans ce texte, signé par son directeur, Travis T. Tygart, l'Usada n'épargne pas le coureur texan, multiple vainqueur de la Grande Boucle après avoir vaincu un cancer des testicules et aujourd'hui à la tête de Livestrong, une richissime fondation de lutte contre cette maladie.

   Plus de 1000 pages de documents à l'appui, l'Usada a ainsi parlé de "preuves accablantes" de "l'utilisation, la possession et la distribution par Lance Armstrong de produits améliorant la performance", confirmant "la triste vérité sur la tricherie mise en place par l'US Postal".

   Ces documents, qui devaient être mis intégralement en ligne par l'Usada dans la journée, sur son site internet (www.usada.org), ont été envoyés à l'Union cycliste internationale (UCI), à l'Agence mondiale antidopage (AMA) et à la Fédération internationale de triathlon, le sport dans lequel l'ancien coureur texan s'était reconverti après être descendu de vélo.

   Dénonçant un système monté par "des individus qui se croyaient au-dessus des lois et qui jouent toujours un rôle majeur dans le sport", le patron de l'Usada a notamment précisé avoir obtenu les témoignages sous serment de 26 personnes, "dont 15 coureurs ayant eu connaissance des activités de dopage au sein de l'US Postal".(...)



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Benoît Barvin