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Pensées pour nous-mêmes:
(POUR LUTTER CONTRE LES PENSEES MOROSES,
BOIS UN PEU D'EAU DE ROSE)
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Lettres d'inconnus (8)
pcc Benoît Barvin
Chère Nadine,
J'aurais pu, c'est vrai, faire "comme si". Vous, si belle, si blonde, si délicate, si au-delà des contingences, bassement matérielles... Vous qui devenez, quand vous entrez dans une pièce, un soleil à nul autre pareil. Vous qui, Oh oui, Nadine, ne vous contentez pas de briller - ce qui, à tout prendre, serait déjà beaucoup, mais qui "rayonnez", étincelante d'une beauté qui irradie la blondeur des blés, l'odeur du foin coupé, les amours enfantines, la joie d'un mariage en blanc et oh combien heureux, nous en sommes sûrs...
J'aurais pu, j'aurais dû, j'en conviens, ne rien dire. Ne pas vous interrompre alors que vous aspiriez, avec la délicatesse qui a toujours caractérisé chacun de vos gestes, l'odeur de cette fleur allanguie à laquelle vous faisiez de l'ombre...
Je n'ai pas su rester à ma place. J'en suis encore bourrelé de remords, le coeur en miettes, et je sais déjà que plus personne ne voudra me parler, désormais, moi qui vous ai faite descendre de votre piédestal. Alors que l’aréopage de vos admirateurs ne cessait de s'agrandir, ce devait être un diable bien ricaneur qui m'a poussé à me pencher vers vous et à vous murmurer - cependant assez fort pour que tout le monde entende: "Vous avez, très chère, une minuscule salissure au coin de votre joli nez"...
A peine ces mots m'étaient-ils échappés, que je les regrettai, oh combien! Mais il était trop tard. Un unanime cri d'effroi glaça ce moment unique et je sentis que vous vous morceliez en mille morceaux. Et sur votre visage, si pur, si parfait, se peignit une douloureuse expression qui, aujourd'hui encore, me déchiquète ce qui me reste de coeur.
Nadine, je souhaite de toute mon âme que votre mari vous reprenne, que votre famille vous fasse sortir de cet horrible hôpital pour parents déments, que vous recommenciez à vous alimenter et qu'enfin, vous reveniez à la vie.
Je prie pour vous toutes les nuits, ma chère amie, moi qui, dans un moment d'égarement, ai pris l'ombre d'une fleur pour une quelconque souillure.
Votre dévoué Aristide DesPrès.
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Ah, "La vie en rose", réinterprétée par Grace Jones, notre Miss Black internationale, par le groupe "Buddha-Bar" (que je persiste à aimer, malgré le ricanement de mes petits camarades) et par Katherine Jenkins, somptueuse chanteuse soprano...
Une vie qu'on espère, bientôt, moins mauvaise que celle qui nous étreint, de son haleine fétide (comme dirait Greg, créateur d'Achille Talon) et de ses bras poisseux, depuis cinq ans, déjà...
Comme le temps passe... lentement.
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Grace Jones - La vie en rose
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Buddha-Bar XII - La vie en Rose
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Katherine Jenkins - La vie en Rose
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Jacques Damboise
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