Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

dimanche 26 août 2012

"Cet imam progressiste permettait aux femmes voilées de respirer". Benoît Barvin in "Pensées inconvénientes".

°°°
Pensées pour nous-mêmes:

(TU ES TON PROPRE DÉMON)


°°°
COURTS RÉCITS AU LONG COURS(38)
pcc Benoît Barvin

Van Gogh

Personne


   Personne, il n'y avait personne derrière la porte. Je n'avais pourtant pas rêvé. Quelqu'un avait sonné, j'étais juste derrière le battant, je l'avais tiré à moi et...

   Personne... La rue était déserte, sur ma gauche et sur ma droite. J'avais beau regarder de tous côtés... En face se dressaient les poutrelles du chantier qui... Du chantier? Jamais il n'y avait eu de chantier en construction face à la maison! J'y avais toujours vu un immeuble des années 60, de 4 étages, un immeuble dont, d'ailleurs, on avait ravalé la façade le mois dernier. Un immeuble, pas un chantier, donc, pas... A moins que, pendant la nuit? Non, l'idée était stupide. On ne pouvait détruire en quelques heures une construction pareille sans que, d'abord, cela fasse un bruit d'enfer - or j'avais toujours eu un sommeil aussi léger qu'une plume - et sans qu'on élimine la tonne de gravier et que... Absurde. 

   Je clignai des yeux pour m'assurer que je ne rêvais pas mais dus me rendre à l'évidence: le chantier était toujours devant moi, solide comme un "roc". Ma plaisanterie tomba à plat. Je me mis à trembler, fus submergé par un froid glacial et, soudain terrifié, je repoussai le battant de la porte, fermai à double tour, m'adossai au chambranle et tentai de recouvrer mes esprits.

   La veille, je ne me souvenais pas d'avoir fait la bringue, ni d'avoir fumé une taf. J'étais plutôt du genre sobre, banal, "profondément ennuyeux", m'avait balancé ma dernière copine dans l'écouteur du portable. A vrai dire, elle avait utilisé un autre adjectif, encore moins flatteur. C'est donc un type banal, à deux doigts de l'hystérie, quand même, qui se propulsa en direction de la cuisine, située sur sa gauche, afin de se réconforter - une fois n'est pas coutume - par l'absorption d'un alcool fort et...

   Attendez un peu: sur ma gauche. La cuisine? Non, pas la cuisine, mais le salon, avec mon divan mangé aux mites, mon fauteuil branlant, la télé énorme que je n'avais pas les moyens de changer et les rangées de livres, débordant de bibliothèques suédoises dégotées chez Emmaüs...

   Je fermai les yeux. Mes paupières pesaient des tonnes, soudain. Mon coeur faisait des bonds de cabri dans une cage thoracique au bord de l'explosion. Quand je regardai de nouveau, sur cette gauche où, d'ordinaire, se trouvait la cuisine, j'eus de nouveau la vision incongrue - inadmissible - du salon qui, certainement dans l'obscurité, tout seul, comme un grand, avait décidé de me faire une farce, aidé par la facétieuse cuisine...

   Un cri, venu du plus profond de mon être jaillit, puis il se transforma en une sorte de vagissement qui devint une vraie crise de larmes. Je glissai à terre, me recroquevillai, jetai un rapide coup d'oeil - en coin - en direction de ce qui aurait dû être la cuisine. A sa place j'avisai une vague forme qui avait l'allure d'un crayonné malhabile. Un crayonné qu'un gribouilleur invisible, mécontent de ses efforts, aurait commencé à gommer.

   A cet instant, on sonna à la porte. J'avais placé, tel un gamin, mes deux mains sur les yeux, et c'est au travers de doigts légèrement entrouverts que j'observai la "fausse cuisine", effacée peu à peu du paysage. Je savais maintenant que ce serait bientôt au tour du salon, de la maison, du quartier et, enfin, peut-être, de la Ville entière, voire...

   La sonnette retentit aigrement pour la troisième fois. Alors je hurlai, de toutes mes forces: 
   "CESSEZ DE M'IMPORTUNER... IL N'Y A PERS..."

(petit hommage à Marcel Béalu)

°°°
"Dorothée, ça y est, le gamin a tout fini!"


°°°



°°°

"Bon, souviens-toi de ne pas avoir l'air surpris
quand tu verras de la nourriture sur la table,
d'accord?"



°°°


"Tu peux me rappeler le juron que tu lances
quand tu a raté une balle?"

°°°

Blanche Baptiste

Aucun commentaire: