Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.
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samedi 21 décembre 2013

"A force de raboter les mêmes idées il devint menuisier". Benoît Barvin in "Pensées pensées".

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Pensées pour nous-mêmes:

(LES MANUELS DE SAGESSE
SONT-ILS SAGES?)

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(La Princesse aux yeux de braise
voulait devenir hypnotiseuse)


Charles Allen Winter
(Source: valentinovamp, via issafly)

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"La reprise... hic! est là... hic!
Vive la... hic! crise..."




La grande récession, 
la reprise invisible et la crise silencieuse

Laurent Eloi

   (...) S’il y a bien un moment de l’histoire récente où l’insuffisance de nos indicateurs de réussite économique et de progrès social éclate au grand jour, c’est la « reprise invisible » que vivent les citoyens en Europe et aux Etats-Unis.

   Le fossé entre les décideurs politiques et leurs électeurs sur l’état réel de l’économie est tellement béant qu’il semble désormais y avoir deux univers parallèles : l’un, où la « grande » récession de 2009 a cédé le pas à une reprise économique solide et partagée dont chacun devrait se réjouir ; l’autre, où la reprise en question est si partielle, fragile et inégalitaire qu’elle mérite le qualificatif non seulement de « petite » mais d’invisible.

   La chronique de la « reprise invisible » diffère pour l’Union européenne et les Etats-Unis. Aux Etats-Unis, la production (mesurée par le PIB), qui a fortement chuté au cours de la « grande » récession, a commencé à se rétablir plus tôt et plus intensément et a reconquis à la mi-2011 le terrain perdu en 2008 et surtout en 2009. Mais le revenu moyen des ménages n’a pas suivi la tendance, loin s’en faut, et la capture des revenus par les plus riches du fait du régime actuel des inégalités laisse l’immense majorité des Américains avec guère plus que des miettes de reprise. Pourtant, les dirigeants politiques de toutes obédiences – principalement démocrates il est vrai – vont répétant que la crise économique appartient au passé. C’est loin d’être le cas, quand on en prend la juste mesure.

   En Europe (et en particulier dans la zone euro), la production a été plus longue à se redresser pour replonger dans le rouge en 2011 sous l’effet de l’erreur stratégique des politiques d’austérité budgétaire. Le PIB vient à peine de reprendre sa croissance. Mais cela n’empêche nullement les dirigeants européens et nationaux de prétendre que le pire est à présent derrière nous, au moment même où le chômage et la précarité sociale atteignent un pic historique et continuent leur inexorable progression dans la plupart des pays du continent.

   Cet écart entre le discours politique et l’expérience quotidienne des citoyens est un poison pour la démocratie de part et d’autre de l’Atlantique. Il cristallise une incompréhension et une méfiance grandissantes entre les électeurs et leurs élus au sujet de la réalité économique et sociale. Il reflète un désaccord sur les faits, pas sur les opinions ou les convictions, désaccord qui ne peut être résolu par l’échange patient d’arguments raisonnables entre gens de bonne volonté. Il suggère qu’au delà même des très réelles stagnation économique et régression sociale que connaissent actuellement l’Europe et les Etats-Unis, c’est une crise démocratique silencieuse qui est en cours, dont les spasmes populistes ne forment que la surface. Les citoyens et les politiques ne parlent tout simplement plus la même langue.

   Les nouveaux indicateurs de bien-être et de soutenabilité, qui visent à aller « au delà du PIB » (c’est-à-dire au delà des indicateurs, des modèles et des analyses économiques standards), sont parfois perçus ou caricaturés comme d’amusants gadgets. Ils sont bien plus que cela. La mesure précise et pertinente du bien-être et de la soutenabilité (c’est-à-dire du bien-être dynamique) est une dimension essentielle du débat public en démocratie. Ce qui n’est pas compté non seulement ne compte pas, mais devient invisible pour tout un chacun. Mais que nous ne percevions pas ou ne comprenions pas les évolutions sociales en cours ne signifie pas qu’elles ne se produisent pas ou qu’elles n’auront pas de conséquences lourdes.

   Inversement, mesurer, c’est en partie gouverner, une autre façon de dire que les indicateurs déterminent les politiques. Si le but collectif, le seul bien commun de la société américaine devait devenir l’augmentation exponentielle de l’indice Dow Jones, les politiques publiques ne viseraient plus que cet objectif, indépendamment de leurs dommages collatéraux sociaux ou environnementaux. Dans la même veine, si les pouvoirs publics en Europe ne devaient plus prêter attention qu’aux profits de l’industrie bancaire, ils consacreraient l’intégralité de leurs ressources à cette fin (ces deux futurs indésirables ne sont hélas que trop réels). En d’autres termes, le PIB aujourd’hui n’est pas seulement un horizon trompeur : c’est une boussole faussée qui désoriente la politique et affaiblit la démocratie.

   Il est donc urgent d’introduire dans le débat public, par exemple au moment de l’examen du budget, des indicateurs de répartition du revenu et d’inégalités (notamment territoriales) en complément des indicateurs macroéconomiques dont dispose la représentation nationale en France et aux Etats-Unis, afin que les politiques et les citoyens retrouvent un langage commun. Mais il ne s’agirait que de la première étape. L’étape suivante consiste à prendre la pleine mesure de l’horizon de long terme de la démocratie, qui est la répartition équitable du capital entre les générations et au sein de chacune d’entre elles, le capital du siècle qui s’ouvre étant social, naturel, humain autant que physique.

   La crise économique, qui dure encore n’en doutons pas, ne pourra prendre fin que lorsqu’on en prendra la juste mesure. L’alternative pour les responsables politiques consiste à poursuivre leur dialogue de sourd avec leurs électeurs au sujet des réalités économiques, sociales et écologiques, jusqu’au point où ces derniers cesseront de les écouter. (...)


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"My greatest ambition would have been
 to kiss you, darling..."


Jean Seberg et Jean-Pierre Melville


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mardi 29 octobre 2013

"Je fus pris d'un coup de cafard qui était quand même une sacrée grosse blatte". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet".

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Pensées pour nous-mêmes:

(NE PASSE PAS TA VIE
A NOURRIR LA MORT)

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"Hou, hou, Beau Guerrier... 
Ca te dirait de te baigner
dans nos eaux libérales?"

La réponse du guerrier fut 
particulièrement grossière, semble-t-il...


ARTHUR RAKHAM,SIEGFRIED 
AND THE TWILIGHT OF THE GODS, 1911


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"Donc, la Démocratie...
- La QUOI?
- Heu... Je veux dire...
nos intérêts exigent que...
- Oui, oui, exigent, c'est bien ça..." 



La démocratie otage du libre échange
José Bové

   (...) Les premières victimes de l'accord de libre échange entre l'Union européenne et le Canada, présenté par Barroso (encore et toujours!) et Harper le 18 octobre à Bruxelles, sont les paysans européens et canadiens et les consommateurs. L'Union européenne souhaite ouvrir son marché à la viande bovine produite dans les grandes exploitations canadiennes. 50 000 tonnes de viande de bœuf arriveront ainsi dans nos assiettes, ce qui représente grosso modo 8 % de la production française et 2 % de la production européenne. Ce n'est pas une paille. Les revenus des éleveurs spécialisés dans l'élevage bovins sont déjà particulièrement bas. En moyenne, en France ils atteignent à peine 14 000 € par an alors que ceux de leurs collègues céréaliers dépassent 75 000 €.

   De nombreux élevages, en particuliers dans les régions d'Auvergne, de Bourgogne, du Limousin et de Midi-Pyrénées sont au bord de la faillite. Les coûts de production s'envolent alors que dans le même temps la consommation de viande bovine baisse régulièrement du fait de la chute du pouvoir d'achat de nos concitoyens. L'arrivée de la viande canadienne serra le coup de grâce. Elle achèvera de détruire de nombreuses zones rurales, ce qui aura des répercussions en cascade sur d'autres secteurs économiques liés directement à l'agriculture comme les petites et moyennes entreprises de transformation alimentaire, ou indirectement comme le tourisme. En Europe, c'est la France qui sera la plus touchée, mais d'autres pays comme l'Irlande, l'Espagne, qui traversent également une crise économique grave seront également affectés. Les éleveurs du sud et de l'ouest de l'Allemagne seront également affectés.

   Le Canada comme les Etats-Unis autorisent l'utilisation de nombreuses hormones pour accélérer artificiellement l'engraissement du bétail. L'Europe, de son côté, les a interdites depuis le milieu des années 1980 suite au refus des paysans de les utiliser et à un boycott des consommateurs. Elle a choisi, à juste titre, de placer la santé des gens avant les profits des entreprises et n'a pas changé de position depuis. Malgré toutes les promesses rassurantes de M. Barroso, la viande qui arrivera du Canada, vendu par des groupes gigantesque comme Tyson aura été produite avec des hormones. Le scandale de la viande de cheval a en effet montré qu'il est impossible au niveau européen d'assurer la traçabilité de la filière de la viande. Comment peut-on une seule seconde imaginer que nous serons en mesure d'imposer des contrôles strictes au Canada alors que nous sommes déjà incapables de faire le ménage chez nous ? En catimini, la Commission européenne est en train de saper la sécurité alimentaire des consommateurs européens.

   Pour faire avaler la pilule, M. Barroso explique que les entreprises européennes des services (finances, banques, assurances, télécommunication commerce maritime, assainissement) et les multinationales qui produisent des fromages industriels seront gagnantes. D'après leurs estimations économiques, basés sur des modèles obsolètes, les gains supplémentaires s'élèveront à près de 8 milliards d'euros par an. Ce montant semble en effet gigantesque dans nos pays frappés par les programmes d'austérité. Mais un rapide calcul permet de démonter cet argument. Le PNB européen étant de 15 000 milliards d'€, ce gain aléatoire ne représenterait donc qu'une augmentation de 0,06 % pour l'Europe. Une goutte d'eau dans la mer.

   M. Barroso n'a pas caché sa satisfaction déclarant fièrement que l'Accord avec le Canada servira de modèle à celui que la Commission est entrain de négocier avec les Etats-Unis. Après consultation de ses grandes entreprises, l'Administration d'Obama, a fait connaître ses priorités. Elles sont nombreuses et je ne retiendrai que les principales : permettre l'arrivée massive des OGM, sécuriser les investissements des géants de l'énergie qui souhaitent utiliser librement la fracturation hydraulique pour exploiter les gaz de schiste en Europe, imposer leurs normes sanitaires, détruire la Directive REACH qui encadre l'utilisation de certains produits chimiques et interdit les plus dangereux

   Mais ce qu'elle réclame par dessus tout c'est la possibilité de traîner en justice les états qui prendront des mesures contraires à leurs intérêts. Elles veulent ni plus ni moins que de pouvoir attaquer les mesures sociales et environnementales qui les empêcheraient de continuer à travailler comme elles le souhaitent, sans être embarrassées par des décisions stupides votées par des gouvernements qui cèdent face à la pression de la rue. Avec une arme de ce calibre, elles seront en mesure d'empêcher un état d'interdire la fracturation hydraulique sur son territoire. Les masques sont tombés, les multinationales américaines et européennes ne veulent qu'une chose : faire la loi à la place des assemblées nationales.

   Derrière ces accords commerciaux, c'est donc le principe même de la démocratie qui est remis en cause. Ces entreprises qui n'ont plus aucun lien avec les territoires, qui se délocalisent du jour au lendemain, qui licencient des milliers d'employés ici, pour se relocaliser ailleurs où les salaires sont moins élevés, où les citoyens sont moins mobilisés pour la protection de la nature. Ce qu'elles exigent au fond c'est ni plus ni moins que d'avoir le pouvoir de décider des normes sociales et environnementales qu'elles devront s'auto-appliquer. Je crains le pire
La question qui nous est posée en tant que citoyens et en tant qu'élus canadiens, américains ou européens est donc simple: Sommes nous prêts à céder définitivement nos droits face aux diktats des grandes entreprises ? 
   La réponse pour moi est évidente : c'est non.

   Avec leurs sourires (carnassiers?) M. Barroso Président de la Commission européenne et M. Harper, Premier Ministre du Canada, veulent nous faire croire que tout est réglé ; que l'affaire est conclue. Heureusement, il n'en est rien. L'accord entre l'Union européenne et le Canada doit encore être ratifié par le Conseil et le Parlement européen avant d'entrer en vigueur. Les gouvernements des Provinces du Canada devront également donner leur accord.

   Nous avons donc plusieurs mois devant nous pour nous mobiliser, citoyens et élus, des deux côtés de l'Atlantique pour que cet accord ne se soit jamais appliqué ; des mois pour empêcher que notre avenir ne soit décidés dans l'opacité et le silence des conseils d'administrations d'entreprises transnationales. En rejetant cette entente avec le Canada nous enverrons un signe clair à ceux qui préparent en secret l'accord avec les Etats-Unis : Arrêtez vos négociations et consacrez votre énergie et votre intelligence à des projets utiles et indispensables qui nous permettront d'amorcer la transition écologique dont nous avons tant besoin pour lutter contre le réchauffement climatique.

   Dans un nouveau monde multipolaire, il faut stopper cette myriade d'accords bilatéraux. L'urgence est de relancer des négociations multilatérales qui ne soient pas centrées sur le commerce mais qui prennent en compte les droits sociaux et les questions environnementales comme je l'ai toujours demandé depuis 1992. Je ne peux pas accepter que L'Union européenne et l'Amérique du Nord imposent des normes qui excluent les pays émergents comme la Chine, le Brésil, l'Inde ou l'Afrique du sud, et qui écrasent les autres états de la planète. (...)


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(Cheval libéral continuant à faire le beau)



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Benoît Barvin

vendredi 11 octobre 2013

"Dans cette montée, il eut le gosier en pente". Jacques Damboise in "Pensées inconvénientes".

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Pensées pour nous-mêmes:

(LE MÉCHANT N'EST PAS TON AMI)

PCC Jacques Damboise

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(Les bluebell's Grasshopper dans leur splendide numéro de claquettes)


Hasan Baglar - Zeybeks

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(Entraînement commando de certains pauvres
pour un futur un peu moins médiocre)



Combien de pauvreté 
pouvons-nous supporter ?
Esther VIVAS

   (...) « Les choses ne peuvent pas être pires ». Combien de fois avons-nous entendu cette phrase ? Nous pensons que plus de pauvreté, plus de précarité, plus de chômage, plus d’expulsions de logement, plus de faim sont impossibles. La réalité, cependant, contredit cette perception.

   Ces dernières années, les chiffres et les visages de la misère n’ont fait qu’augmenter dans l’État espagnol. Aujourd’hui, le nombre de personnes qui vivent en situation de pauvreté extrême se situe déjà à trois millions. Les revenus des familles sont tombés aux niveaux de l’année 2001. L’explication est aussi simple que brutale : les revenus ont diminué de 4% tandis que les prix ont augmenté de 10%. C’est ce qu’indiquent les chiffres fournis par le rapport « Inégalité et droits sociaux. Analyse et perspectives 2013 » élaboré par la Fondation Foessa.

   Les plus touchés sont les plus pauvres parmi les pauvres, ceux qui possèdent le moins. Hier, une personne sans ressources, qui vivait dans la rue, est morte de faim à Séville. D’abord, c’est le chômage, ensuite les difficultés pour boucler les fins de mois, puis on ne sait plus payer l’électricité, l’eau, le loyer ou l’hypothèque et, finalement, la nourriture. La tendance indique que les choses empirent. Selon le rapport de Intermón Oxfam, « Le piège de l’austérité », on estime que pour l’année 2025, le nombre de pauvres dans l’État espagnol pourrait atteindre 8 millions de personnes.

   Il ne s’agit pas seulement d’une crise mais bien des mesures qui sont appliquées pour la résoudre. L’austérité, les coupes, la réduction des aides et des allocations, la privatisation des services publics, l’augmentation de la TVA, tout cela retombe principalement sur les secteurs les plus vulnérables.

   En conséquence, les inégalités sociales augmentent. La différence entre les plus riches et les plus pauvres dans l’État espagnol se situe déjà à 30%, constituant le sommet de l’inégalité en Europe. Cette position se situe même devant les pays les plus durement frappés par la crise, comme la Grèce, et elle n’est dépassée que par des pays comme la Lettonie, la Bulgarie et le Portugal.

   La conclusion est limpide : une petite minorité augmente ses richesses sur le dos de l’appauvrissement de la majorité. La sortie de crise n’est ni impartiale ni idéologiquement neutre ; elle répond aux intérêts d’élites politiques et économiques qui veulent tirer profit – et pas qu’un peu – de cette situation. Notre misère n’est, ni plus ni moins, que leur profit.

   Les choses peuvent-elles être pires ? Malheureusement oui. Les politiques de sortie de crise qui sont actuellement appliquées dans les pays de la périphérie de l’Union européenne sont la copie conforme de celles qui ont été menée à bien dans les pays du Sud. Si on les appelait à l’époque « Programmes d’Ajustement Structurel », aujourd’hui elles reçoivent le nom de « « sauvetage » ». La logique est cependant la même et le résultat est plus que suffisamment connu. Nous allons vers une « tiers-mondisation » de la société. La dynamique centre-périphérie qui s’était déployée ces dernières années à l’échelle globale se reproduit aujourd’hui au sein de l’Union.

   Mais combien de pauvreté pouvons-nous supporter ? Combien de misère sommes-nous disposés à accepter ? Jusqu’où permettrons-nous qu’ils nous saignent à blanc ? La soif du profit du capital n’a pas de limites. Et le goût du lucre ne fait qu’augmenter leur avarice. Nous, la majorité, sommes les seuls capables de leur faire front. Quand nous aurons pris conscience de cela et que nous agirons en conséquence, nous aurons gagné la partie.

Traduction française pour Avanti4.be : Ataulfo Riera.


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(Le Petit Chaperon rouge faisant sa belle
après l'épisode du Grand Méchant Loup)


 Margarita Kareva

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Benoît Barvin

jeudi 7 février 2013

"M'man, M'man, est-ce qu'il pétait, Jésus? Oui, Ma Fille, mais ça ne sentait pas". Jacques Damboise in "Pensées de mes Voisins".

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Pensées par nous-mêmes:

(SUIS TON CHEMIN,
PAS CELUI DE TON VOISIN)

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(Soldat attendant son départ pour l'Afrique Occidentale Française)


L'Europe est peut-être 
la dernière superpuissance (sans rire)
Anne Applebaum

  (...) Ne riez pas! Je me rends bien compte qu’il y a un an encore, une telle déclaration aurait paru absurde. Je n’aurais certainement pas pu l’écrire au lendemain de l’opération libyenne de 2011, au cours de laquelle la France, la Grande-Bretagne et une dizaine d’autres nations se sont montrées à peine capables de soutenir une guerre rapide, qui n’impliquait aucun soldat sur le terrain, contre un régime impopulaire et mal armé. Des rapports qui n’ont pas été vérifiés exposaient à l’époque que les Français, à cours de bombes, en étaient réduits à larguer à la place des blocs de béton. Sans les renseignements et la coordination fournis par les navires de guerre, les avions américains et la CIA, les avions français n’auraient même pas su où les lâcher.(...)

   (...) Et pourtant nous voilà en 2013, à regarder les forces aériennes et les soldats français venir à la rescousse du gouvernement du Mali autrefois démocratique [avant le coup d’Etat militaire de mars 2012, NDT], luttant pour sa survie contre une insurrection d’islamistes fanatiques. En outre, cette intervention française jouit (pour le moment) d’un vaste soutien national. Bien que la logistique des opérations, leur préparation et leurs objectifs finaux aient fait l’objet de diverses critiques publiques, presque personne en France ne remet en question la nécessité d’une intervention. Presque personne ne demande même «Pourquoi la France?». 

   Les Français éprouvent un sentiment postcolonial particulier à l’égard de l’Afrique francophone (ainsi que, à en croire un ami à moi, envers la musique malienne) où ils sont intervenus militairement plus de 40 fois depuis 1960.

   Mais cette fois, le contexte est différent. L’objectif n’est pas (pas entièrement en tout cas) de mettre en place un régime fantoche pro-français mais de bloquer l’avancée d’al-Qaida au Maghreb islamique(Aqmi), cette organisation violente qui alimente l’insurrection malienne, également responsable de la prise d’otages d’un complexe gazier algérien à la mi-janvier.

   En d’autres termes, les Français sont au Mali pour combattre une organisation terroriste internationale susceptible de faire des dégâts dans toute l’Afrique du Nord et peut-être même au-delà. Il n’y a pas si longtemps, ce genre d’organisation terroriste internationale déclenchait des réunions d’organisation urgentes au Pentagone.

   Aujourd’hui les Français ont du mal à convaincre Washington d’y prêter un minimum d’attention. Quelques avions cargos américains ont récemment aidé à transporter des soldats français dans la région mais, peut-on lire dans Le Figaro, les Américains ont d’abord demandé aux Français de payer ce service –«une demande sans précédent»– avant d’accepter à contrecœur d’apporter leur aide.(...)

(...) Mais d'autres Européens proposent de l'argent et des soldats. L'Union européenne a autorisé les financements servant à former les soldats africains qui viendront en aide au Mali –et elle a davantage d’expérience que vous ne le pensez. Bien loin des yeux du public, les forces de l’Union européenne ont attaqué des bases de pirates sur la côte somalienne au printemps dernier –avec succès. «Ils ont réduit notre équipement en cendres», a confié à l’Associated Press un homme décrit comme un «commandant pirate». En tout, l’Union européenne est intervenue militairement dans plus d’une vingtaine de conflits. Pas encore autant que les Français depuis les années 1960, mais on y arrive.

   Il faudra franchir un certain nombre d’obstacles avant que l’UE ne devienne le gendarme du monde. Même si la somme des armées de ses pays membres en fait la deuxième plus grande puissance militaire mondiale, cela ne suffira tout de même pas pour tenir dans un conflit durable d’aucune sorte.(...)

Lire sur:

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"Il a dit murs trompeurs?
- Meuh non , il ne parle pas de celui-là...
- Ah bon, tu me rassures..."


Les murs trompeurs d’Israël
Emmanuel Riondé

   (...) Une visite du Map centre sur le site de l’Ocha permet de bien se représenter l’importance de ces murs que l’Etat d’Israël ne cesse d’ériger entre lui et ses voisins. La légende de la carte consacrée aux zone d’accès restreints à la bande de Gaza (établie en décembre 2011), par exemple, dévoile toute une poétique de l’enfermement. Les points de passage (crossing points) recensés y sont « ouverts », « fermés mais ouverts dans des cas exceptionnels » ou « fermés » ; les zones fermées et d’accès restreint (closed and restricted areas) sont soit « à haut risque » soit des « zones d’exclusion de 500 mètres » ; les clôtures et barrières (fences and barriers) sont des « murs de bétons » ou des « doubles clôtures électrifiées avec tours de contrôle » ; on trouve aussi trace, en mer, des « limites effectives des zones de pêche ». Tout cela serrant au plus près un territoire long de 40 km sur 10 et dont Israël s’est retiré unilatéralement en 2005.

   Pas besoin d’avoir fait 25 ans de psychanalyse pour saisir la métaphore évidente, d’enfermement sur soi et de peur de l’autre de la société israélienne, qu’offre cette frénésie de muraille [3]. Les dirigeants israéliens, eux, convoquent systématiquement des motifs sécuritaires pour légitimiser ces séparations hérissées de miradors avec drapeau israélien flottant au vent et soldats en armes. Mais le coût du petit bout de mur construit au printemps dernier à la frontière libanaise (13 millions de shekels soit 2,6 millions d’Euros) nous rappelle surtout qu’il ne faut pas perdre de vue l’économie politique des murs d’Israël ; « Pour comprendre les motivations économiques des groupes sociaux dominants en Israël, il faut prendre en compte deux facteurs : leurs intérêts économiques et les capacités et incapacités militaires à contrôler les frontières », écrit l’universitaire Lev Luis Grinberg qui rappelle « la primauté de l’intérêt économique de groupes économiques israéliens puissants dans le maintien de l’occupation et de l’étranglement de l’économie palestinienne » [4]. 

   Un étranglement au service duquel les « murs de protection » et autres « barrières de sécurité » prétendument érigés contre des « agents du jihad mondial » terrés à Damas, Gaza, Naplouse ou au Sud-Liban, sont des outils terriblement efficaces. Grinberg : « Si les Palestiniens avaient la liberté d’importer des marchandises bon marché à Gaza et s’ils étaient autorisés à les vendre en Cisjordanie, on pourrait s’attendre à ce que ces marchandises soient facilement passées en contrebande en Israël. C’est la raison pour laquelle Israël a imposé ces enveloppes strangulatoires : pour éviter les dommages potentiels que pourrait causer l’entrée illégale de produits bon marché sur le marché israélien, après avoir été importés légalement par les Palestiniens. »

   A méditer alors que, à deux semaines du scrutin législatif du 22 janvier en Israël, le parti nationaliste religieux Habayit Hayehoudi - Le Foyer juif - grimpe dans les sondages. Il est dirigé par Naftali Bennett, un homme qui défend un plan visant notamment à annexer toute la zone C palestinienne. Soit 61 % de la Cisjordanie. Un plan qui va dans le sens de la création, à terme, de bantoustans économiques palestiniens à laquelle aspirent bien des dirigeants politiques israéliens, à l’instar de ce nouveau venu sur le devant de la scène politique : un homme d’affaire quadragénaire, ex-commando, millionnaire et fervent défenseur de la colonisation. Les trois facettes - militaire, économique, politique - du « success story » suicidaire des murs qu’Israël bâtit un peu partout depuis dix ans.

[3] Lire Les emmurés la société israélienne dans l’impasse de Sylvain Cypel. Ed. la découverte, 2006.

[4] Lire son article « Discours économiques et construction des frontières dans l’espace israélo-palestinien depuis 1967 » dans l’ouvrage A l’ombre du mur Israéliens et Palestiniens entre séparation et occupation, sous la direction de Stéphanie Latte Abdallah et Cédric Parizot. Ed. Actes Sud, 2011.

Lire sur:

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Benoît Barvin

vendredi 7 décembre 2012

"C'est pour déboucher son oreille que l'impatient Van Gogh fit ce qu'il fit". Jacques Damboise in "Petites z'histoires rigolotes".

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Pensées pour nous-mêmes:

(SI TU ES DANS LES NUAGES,
C'EST QUE TU ES MORT)

pcc Jacques Damboise
(dit le mécréant)

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(Fidèles amis de leur maître attendant que le chef 
de meute donne l'autorisation de manger
son cadavre)

(Source: acidicfizz)

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"Where is the Great Britain, please?
- En mer du Nord, Messieurs,
ici vous êtes près des côtes américaines"

Londres négocie son chèque... 
de départ?
Jean Quatremer

   (...) La Grande-Bretagne sera-t-elle encore membre de l’Union européenne en 2020, à l’expiration du « cadre financier pluriannuel » que les Vingt-sept vont essayer d’adopter d’ici ce week-end ? Jamais depuis son adhésion à reculons, en 1973, le Royaume n’a paru aussi prêt de claquer la porte d’un espace dont l’intégration politique et financière accélérée, sous les coups de boutoir de la crise, lui répugne de plus en plus. Ainsi, le parti conservateur britannique a définitivement versé dans une europhobie virulente et exige que David Cameron, le premier ministre, organise un référendum d’ici à 2015 sur l’appartenance à l’Union. 81% des Britanniques y sont favorables et 56%, selon un sondage récent publié par The Observer, voteraient pour la sortie (seuls 34 % opteraient pour le « oui »).

   Pire : depuis le départ de l’ancien premier ministre Tony Blair, les travaillistes eux-mêmes sont gagnés par la défiance à l’égard de l’Union. Le 1er novembre, ils ont joint leurs voix aux eurosceptiques conservateurs pour exiger que Cameron obtienne non seulement un gel du budget communautaire comme il l’envisageait, mais une diminution. Or, un simple gel reviendrait déjà à diminuer de 200 milliards d’euros la proposition, déjà peu ambitieuse, de la Commission… Dès lors, « une diminution est totalement exclue, surtout depuis que la crise a rebattu les cartes en appauvrissant des pays comme la Grèce ou l’Espagne qui auraient du sortir des aides régionales », explique-t-on à l’Elysée. 

   Pour ne rien arranger, Londres ne veut pas entendre parler d’une remise en cause de son rabais obtenu de haute lutte par Margareth Thatcher en 1984 qui lui permet de moins verser au budget que ne l’exigerait les règes communautaires. Le problème est que la Grande-Bretagne d’aujourd’hui est infiniment plus riche que celle de Thatcher ce qui rend ce chèque, financé à 25 % par la France, injustifiable. Néanmoins, pour Londres, ses exigences sont autant de « lignes rouges » qu’elle défendra, si besoin est, à coup de veto.

   La tension avec ses partenaires, lassés de tant d’intransigeances, est donc maximale. Lundi, François Hollande a vertement critiqué les « pays » qui veulent diminuer le budget communautaire et « viennent chercher leur chèque, leur rabais, leurs ristournes parce que l’idée qu’ils se font de l’Europe, c’est d’obtenir exactement ce qu’ils ont versé ». Le chef de l’Etat a posé l’enjeu du débat budgétaire : « au moment même où nous appelons à la solidarité, à la mobilisation pour la croissance, la réponse de l’Europe serait de faire moins ? ». Autrement dit, quels sont les pays qui sont prêts à aller plus loin dans « l’intégration solidaire », pour reprendre l’expression de François Hollande, que la crise de la zone euro a rendu inéluctable? Si la Grande-Bretagne se retrouve isolée, sa position deviendra intenable.(...)
Lire sur:


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(La Mort jouant au kinétoscope)

(Source: kurutta)

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"Si le gaz à effet de serre me f... la pétoche?
Ben... Pas vraiment..."

Gaz à effet de serre: 
Les émissions d'origine industrielle 
ont augmenté de 2,6% en 2012
Avec Reuters

   (...) Les émissions de gaz à effet de serre d'origine industrielle ont augmenté de 2,6% cette année, malgré la crise économique, selon le rapport annuel du Global Carbon Projet publié ce lundi en pleine conférence internationale sur le changement climatique.

   La progression, due notamment à la croissance des émissions de dioxyde de carbone en Inde et en Chine, était de 3,1% en 2011, précisent les auteurs. Près de 200 Etats sont réunis jusqu'au 7 décembre à Doha pour la 18e session de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) avec l'objectif de s'entendre sur les moyens de limiter le réchauffement à deux degrés, objectif fixé en 2010.(...)

   (...) «Je crains que le risque de changement climatique ne soit trop important avec notre trajectoire actuelle en matière d'émissions. Il nous faut un plan radical (oui, oui, il "faut"...)», a souligné Corinne Le Quéré, directrice du centre britannique Tyndall pour la recherche sur le changement climatique et professeur à l'université d'East Anglia, qui a co-dirigé la rédaction du rapport.

   Le total des émissions de CO2 pour 2012 est estimé à 35,6 milliards de tonnes et, si elles se poursuivent à ce rythme, le réchauffement sera de 4 à 6°C, selon les chercheurs du Global Carbon Project, dont les travaux sont publiés par la revue Nature Climate Change. Entre 1990 et aujourd'hui, elles ont augmenté de 58% et une poignée de grands pays en sont responsables.

   Les émissions chinoises ont ainsi progressé de 9,9% en 2011 et de 10,4% l'année précédente. La Chine représente aujourd'hui 28% du total mondial, alors que les Etats-Unis sont à 16%. En Inde, l'augmentation était de 7,5% l'an dernier, contre 9,4% en 2010. Aux Etats-Unis et en Europe, la hausse a été respectivement de 1,8 et 2,8%. (...)


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Benoît Barvin